TOURS (37). Les obsèques de l’ancien ministre et maire de Tours, Jean Royer, ont été célébrées de manière consensuelle le mercredi 30 mars. La presse consacre de larges pages à ce personnage indépendant, respecté pour son travail de « bâtisseur » à Tours, mais aussi décrié pour ses idées « réactionnaires ».

"Une seule solution : la masturbation !"
Slogan d’un public hostile à Jean Royer lors d’un meeting en 1974 à Toulouse, à l’occasion de la campagne pour les élections Présidentielles.
Vidéos : Jean Royer à Rennes | Jean Royer à Toulouse (archives INA)
Figure politique majeure et controversée de la Région Centre, Jean Royer fut maire de Tours de 1959 à 1995. Ministre du Commerce et de l’Artisanat puis des Postes et Télécommunications entre 1973 et 1974 sous le gouvernement de Pierre Messmer, Jean Royer fut candidat à l’élection présidentielle de 1974, recueillant 3,17% des suffrages exprimés. Souvent présenté comme « réactionnaire et conservateur », figure emblématique d’une droite des bonnes mœurs, il a soutenu en 2002 lors des élections présidentielles, la candidature de M. Jean-Pierre Chevènement. Maire « bâtisseur », il est notamment l’initiateur de l’aménagement des Rives du Cher, et du centre historique de Tours. Jean Royer s’était retiré de la vie politique en 1997.
Si le décès de Jean Royer est peu commenté sur les blogs tourangeaux, il fait l’objet d’une abondante littérature dans la presse officielle. Ainsi, Jean Royer est d’abord présenté comme un « défenseur de la morale et pourfendeur de la pornographie » (AFP).
Les archives de l’INA tendent à montrer que Jean Royer défendait avec un certain courage des idées allant manifestement à contre-courant des aspirations de la jeunesse de l’époque.
De nombreux journaux rappellent qu’il fut longtemps surnommé Père-la-Pudeur dans les années 70 en raison de sa « sa croisade contre la pornographie et l’avortement » (Libération).
France-Soir parle de Jean Royer comme d’un « héros de l’anti-pornographie ».
Le site Yagg de la communauté gay et lesbienne est plus revanchard. Il explique que c’est à Tours qu’a été organisé en 1994, une des toutes premières marches homosexuelles de province pour « manifester contre Jean Royer, qualifié d’homophobe ».
De son côté, le magazine Chrétienté préfère mettre en avant une loi qu’il a fait voter en 1973 pour défendre les petits commerces et réglementer les grandes surfaces.
Le son de cloche est assez similaire avec La Nouvelle République. Le quotidien régional élude les idées controversées de Jean Royer pour évoquer « Sa vie a entièrement été dédiée à « sa » ville de Tours ».
C’est cette image de bâtisseur dévoué pour sa ville que préfèrent garder les Tourangeaux. France 3 Centre parle d’un « émouvant hommage républicain » de l’actuel maire socialiste Jean Germain et avance un chiffre de 2000 tourangeaux s’étant déplacés à l’Hôtel de Ville, où le cercueil de Jean Royer avait été exposé durant toute la journée.
« Jean Royer est parti sous les applaudissements » a titré le site tours.maville.com (groupe NR Multimédia). L’article explique que « les mains se sont lâchées dans un mouvement irrépressible, rapides, enthousiastes, elles ont applaudi l’artiste qui a fait vibrer la scène municipale pendant trente-six ans. Comme une évidence. »