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Billet de blog 2 juin 2019

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La Russie, Israël et l'Iran

La Maison Blanche vient d'annoncer la tenue en juin à Jérusalem d'une réunion trilatérale entre l'ambassadeur américain à la sécurité John Bolton, son homologue israélien Meir Ben-Shabbat et le secrétaire du Conseil de Sécurité russe Nicolay Patrushey. On rappellera que dans le même temps la Knesset avait voté sa dissolution et la tenue de nouvelles élections.

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 Ce sommet discutera de questions intéressant la sécurité dans la région. Israël a annoncé, sans être démenti, que ce sommet abordera en priorité la question du rôle de l'Iran en Syrie.

Ceci surprendra ceux qui pensent que l'alliance stratégique entre la Russie et l'Iran repose sur des bases solides, déjà anciennes et ne pouvant pas être discutées, notamment avec les Etats-Unis et Israël. En fait, sans devoir semble-t-il être remise en cause, cette alliance elle n'est pas sans turbulences.

On sait qu'Israël a toujours redouté que l'Iran ne s'impose dans la région. Bien que ne craignant pas vu la disproportion des forces une confrontation militaire d'ampleur avec Téhéran, elle veut éviter des conflits permanents dont le coût ne sera pas négligeable. Israël demande à cet égard depuis longtemps que la totalité des contingents iraniens évacue la Syrie. La position officielle russe à cet égard a toujours été que l'implication iranienne en Syrie est légitime et ne contredit pas le droit international.

Récemment cependant des confrontations entre militaires russes et milices chiites soutenues par Téhéran au nord d'Alep ont jeté un doute.

Il est réaliste de penser que Moscou n'a pas envie de voir l'Iran installer en Syrie des forces qui pourraient mettre en difficulté la volonté russe de stabilisation de la région. En particulier, l'Iran se doterait actuellement d'une base militaire dans le port syrien de Baniyas, proche de la base russe de Latakia. A terme, celle-ci pourrait devenir un pont d'ancrage pour une implication iranienne durable en Méditerranée qui viendrait en contradiction avec le rôle pacificateur d'ampleur que la Russie veut jouer dans la région. L'Iran selon certaines sources chercherait à faire en Syrie ce qu'elle a déjà fait au Liban avec le Hezbollah, au moment où la Russie cherche à redonner à Damas, considéré comme un allié fiable, la pleine souveraineté sur l'ensemble de son territoire.

On doit constater que dans le même temps, à la suite du retrait américain du Traité de Non-Prolifération, Moscou a demandé à Téhéran de ne pas prendre de décisions précipitées, pouvant conduire l'Iran à se doter d'une arme nucléaire hors de tout contrôle. Là encore, Moscou paraît craindre que ces événements n'entraînent des conséquences dramatiques pour le maintien de la paix, lequel maintien essentiel pour sa propre sécurité. Ceci étant, l'alliance russe avec les Iraniens ne sera pas remise en cause pour autant. Entre amis, on peut tout se permettre.

Pour Israël, le rôle modérateur que pourra jouer Moscou en contrôlant les volontés iraniennes de s'implanter militairement à ses portes sera le bienvenu. C'est sans doute la principale raison pour laquelle Tel Aviv a milité dès le début pour que la réunion trilatérale mentionnée en début d'article se tienne à Jérusalem.

On se demandera pourquoi John Bolton, qui est présenté non sans raisons comme un boute-feu, a accepté la mise en place de cette réunion à Jérusalem. La raison en est sans doute que les citoyens américains d'origine juive, très puissants notamment au sein de l'AIPAC, veulent aider Israël à mieux contrôler l'Iran. Les importantes minorités russes d'origine juive recherchent certainement le même objectif.

Comme quoi les Juifs – et ce n'est pas là une critique - bien que très peu nombreux au sein de la population mondiale, continuent à y exercer un rôle important.

1) Ref . US-Russia-Israel security summit https://www.timesofisrael.com/jerusalem-to-host-unprecedented-israel-russian-us-security-summit/

Pour en savoir plus

M.K. Bhadrakumar 
https://indianpunchline.com/russia-has-more-in-common-with-israel-than-meets-the-eye/

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