Dans le livre qu'il vient de publier, La France est-elle finie? ainsi que dans divers entretiens, Jean-Pierre Chevènement reprend ses critiques contre le néo-libéralisme, l'atlantisme et la soumission de l'Union européenne à ces deux influences mortelles, déjà présentées sur de nombreuses tribunes. Il dénonce aussi l'étonnante collusion de la gauche et plus récemment du parti socialiste français à ce qu'est pour lui une véritable entreprise concertée visant à détruire le rôle historique de la France au service de la République et faire de l'Europe le terrain de manoeuvre des intérêts financiers mondialisés. Pourquoi la gauche a-t-elle ainsi vendue son âme, si l'on puis dire? L'auteur donne quelques explications mais à notre avis, ce qui devrait être un véritable thème de recherche scientifique est loin d'être épuisé. Le livre, quoiqu'il en soit sur ce point précis, est particulièrement bien argumenté et mérite une lecture attentive.
Ceux qui dans les rangs des souverainistes nationaux attendaient de Jean-Pierre Chevènement un plaidoyer en faveur de la sortie de l'Union européenne et de l'euro seront déçus. Il donne au contraire une nouvelle preuve de son intégrité intellectuelle et de sa perspicacité politique en refusant de céder à une vague susceptible de procurer beaucoup de votes dans la crise actuelle mais beaucoup de désespoirs à terme. Il recommande à propos de l'Europe et de l'euro, selon son expression, non de sauter par le hublot d'un avion mal piloté, mais de changer de pilote - ou plus exactement de prendre le contrôle du poste de pilotage, avec un nouveau plan de vol.
Déjà, dans notre propre livre « L' Europe ou le vide de puissance » (JP. Bayol 2008) nous avions noté qu'à peu près seul à l'époque, Jean-Pierre Chevènement (La Faute de M. Monnet, 2006) proposait la mise en place d'un gouvernement politique, économique et financier de la zone euro. Aujourd'hui, il va plus loin. Sans qu'il emploie le terme, les recommandations qu'il fait, à la France mais aussi à l'Allemagne et aux autres Etats européens, sont de s'unir pour réaliser un véritable souverainisme européen. Par ce terme, on peut entendre la mise en place d'un Etat souverain fort, qui serait aussi une République politique et sociale, étendu à l'ensemble de l'Europe. La France pourrait jouer un grand rôle en ce sens, si elle n'était pas gouvernée comme est l'est actuellement.
Ajoutons pour notre part qu'un tel objectif serait nécessairement lié à un changement radical de la constitution européenne, visant à faire de l'Europe un Etat fédéral. Mais il ne s'agirait pas d'un fédéralisme mou, générateur d'abus multiples et sans chefs de file. Il s'agirait d'un Etat fédéral puissant du type de celui que nous évoquons par ailleurs sur ce site. Nous verrions très bien pour notre part qu'un homme de la trempe de Jean-Pierre Chevènement puisse postuler à sa présidence, à condition sans doute d'avoir quelques années de moins.
La difficulté découlant d'un objectif aussi complexe à définir que le serait un Souverainisme européen exercé par un Etat fédéral puissant et solidaire tient à l'incompréhension des opinions publiques. Celles-ci sont bien plus facilement tentées soit comme nous l'avons rappelé par un illusoire souverainisme national soit par des rébellions aveugles et destructrices ne générant que davantage de servitudes.
Pour en savoir plus
* Blog http://www.chevenement.fr/
* La France est-elle finie? plan http://www.chevenement.fr/La-France-est-elle-finie_a1027.html
* Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Chev%C3%A8nement