Certes, c'était la première fois dans l'histoire que se réunissaient 196 Etats, développés et émergents, pour dénoncer les risques du réchauffement climatique et proclamer la nécessité de réduire la production des gaz à effets de serre. Mais, comme n'ont pas manqué de le dénoncer les organisations de défense de l'environnement, le document de 31 pages ne fixe aucun objectif contraignant pour la réduction de CO2. Ceci ni aux Etats ni aux multinationales responsables de l'essentiel de cette production. Il s'agira seulement de contributions volontaires dont dans certains cas l'effet sur la réduction ne sera même pas assuré.
La presse rapporte que l'accord final avait failli être rejeté en dernière minute lorsque la délégation américaine avait découvert un « shall » au lieu d'un « should » dans l'article 4. « les pays développés devront se fixer des objectifs dans la réduction de la production de CO2 ». Le texte devra seulement, à la demande expresse de John Kerry, employer le terme « devraient » au lieu de « devront ». La délégation américaine avait expliqué que le fait de ne pas fixer de contributions obligatoires devrait encourager les Etats volontaires qui le souhaiteraient à se donner des ambitions plus élevées. A qui pensait-il? Aux Etats-Unis?
Ce refus de Washington de s'engager de façon contrôlée a été illustré par le fait, non mentionné à la COP21, qu'au moment où se tenait celle-ci, la majorité républicaine à la Chambre des Représentants avait décidé une nouvelle fois de rejeter le Clean Power Plan. Celui-ci donne à l'US Environmental Protection Agency l'autorité pour réguler cette question dans le cadre du Clean Air Act.
Ban Ki Moon et Bill Gates au secours de la planète.
Le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon s'est pourtant félicité de l'engagement de Bill Gates à combattre l'effet de serre en proposant de financer des techniques d'extraction du CO2 dans l'air, techniques dont l'effet global, à supposer qu'elles puissent être mises en oeuvre pratiquement, sera marginal. Les marchés reçoivent désormais, selon Ban Ki-Moon, un signal clair pour faire appel à la créativité humaine. Ceci touche à la provocation quant on sait que les multinationales et les « élites » dominant 90% de l'économie mondiale décident seules des investissements à faire – et ce évidemment pour leurs profits immédiats.
Nous avons ici précédemment exprimé le souhait que ce soient les budgets publics et les scientifiques non liés aux multinationales, qui fassent principalement appel à la « créativité humaine », c'est-à-dire à la recherche/développement sans objectifs de profits immédiat. (cf http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2015/164/edito1.htm) La COP21 n'a dans aucun domaine repris ce souhait . Quant à la nécessité de faire appel parallèlement à la réduction de la croissance démographique (cf. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2015/164/edito2.htm ), elle n'a évidement même pas été mentionnée, sauf par une vague allusion hors séance de Nicolas Hulot.
Les scientifiques et associations de défense de l'environnement et de la biodiversité n'ont donc pas matière à saluer la COP21 comme marquant des progrès décisifs et rapides dans un objectif essentiel à la survie de l'humanité. La prochaine génération appréciera.