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Billet de blog 26 août 2019

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Que retenir du G7 au soir du 26 août?

Le lundi 26 août au soir, nous pouvons retenir qu'Emmanuel Macron, présidant cette année le G7 qui se réunissait en France, a remporté un indéniable succès.

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 Il a pu, notamment face aux intérêts politico-militaires français tout dévoués à Washington (l'Etat Profond français) mettre sur la défensive Donald Trump. Jusqu'à présent, c'était la Maison Blanche qui dictait les ordres du jour et les conclusions (ou plus exactement les absences de conclusions) des sommets précédents.

Cette année, Emmanuel Macron a indirectement, mais clairement accusé Donald Trump d'être en partie responsable des incendies dévastateurs en Amazonie et de ne pas faire grand chose pour les combattre. Il a par ailleurs montré, face aux véritables insultes de Jair Bolsonaro, que le sort de l'Amazonie intéresse le monde entier et ne saurait rester ni une affaire intérieure brésilienne, ni un domaine où Washington se réserve un droit exclusif d'intervention, à partir de sa volonté de faire de l'Amérique du Sud une responsabilité économique et militaire américaine. Il a obtenu, bien que le G7 ne dispose pas d'un budget propre, que ses membres consacrent une somme non négligeable à la reforestation.

De même et surtout, alors que Donald Trump continue à envisager une guerre contre l'Iran, il a invité pour quelques heures en France, certes hors G7 mais à Biarritz le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Djavad Zarif. Celui-ci a pu conférer deux heures avec Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères, et Bruno Le Maire, ministre des Finances, puis avoir un entretien rapide avec Emmanuel Macron. Ceci paraîtra peu de choses, mais en Iran, comme chez ses alliées la Russie et la Chine, cette visite a montré que la France continuait à se désolidariser de l'axe dit sunnite mené par l'Arabie saoudite avec une forte participation américaine qui vise à combattre le rétablissement d'une Syrie indépendante où la Russie dispose désormais d'une base militaire.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a pu montrer à l'occasion de ce sommet que la France voulait refuser de faire de l'Union européenne un ensemble sans direction là encore tout dévoué à Washington. Face à des membres européens du G7 qui se sont bornés à suivre les débats sans envisager d'apports clairs à la construction d'une véritable politique européenne, il a expliqué que la France n'hésitait pas, en cas d'urgence mondiale comme la lutte contre les dégâts climatiques a pousser ses partenaires européens, notamment l'Allemagne, à se dégager de la tutelle américaine. Ainsi il s'est affirmé indirectement comme un leader politique de l'Union.

Il a eu le tort pourtant de ne pas inciter la France à soutenir le retour de la Russie au G7, comme il l'avait évoqué lors du séjour précédent de Vladimir Poutine au fort de Brégançon, ceci d'autant plus que Trump n'y paraît pas totalement hostile. La France aurait pu montrer qu'elle voulait prendre le leadership d'une Europe encore divisée concernant le retour de relations normales avec la Russie.

Concernant la taxe dite GAFA qu'il avait décidé à juste titre d'imposer aux géants du numériques, Macron a quelque peu reculé devant les menaces de rétorsion américaines. Il a proposé d'abandonner cette taxe adoptée par le parlement en Juillet 2019 dès que la France trouverait un accord dans le cadre de l'OCDE pour moderniser les règles de la fiscalité internationale. Il est plus qu'improbable qu'un tel accord se fasse dans les prochains mois.  Mieux aurait valu dans ces conditions affirmer que la France jusqu'à nouvel ordre maintiendrait la taxe. Le message aurait été plus clair pour les GAFA comme pour Washington.

A titre plus personnel, nous dirons qu'Emmanuel Macron, dans ces circonstances comme dans d'autres précédentes, a fait montre de plus de compétence et d'autorité que tous ses prédécesseurs récents. La chose est d'autant plus remarquable au regard ce qu'il faut bien appeler sa jeunesse et son inexpérience politique précédant son élection.

Ceci ne voudrait pas dire, évidemment, que les Français devraient lui faire désormais une confiance aveugle lors des prochaines crises qui affecteront le monde. Mais quelle personnalité politique au sein de l'opposition actuelle serait-elle de taille à lui tenir tête ?

Restera aussi à vérifier que, lors du prochain G7 qui se tiendra aux Etats-Unis, Emmanuel Macron saura faire preuve de la même autorité face à Donald Trump. 

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