Elles assureront des missions telles que des vols habités vers la Lune ou l'envoi de satellites en orbite terrestre fournissant notamment un Internet haut débit disponible sur l'ensemble de la surface terrestre.
Cependant les astronomes commencent à s'inquiéter. Le 23 mai 2019, SpaceX vient de mettre en orbite les 60 premiers satellites de sa constellation Starlink, qui doit en compter 12 000 à terme. Les satellites Starlink, que l'on peut ranger dans la catégorie des mini sinon micro-satellites, pèsent 230 kg et devraient orbiter à 440 km d'altitude. Ils sont plats et sont dotés d'un panneau solaire qui reflète la lumière. L'envoi d'un premier train a pu être photographié de la Terre par un astronome hollandais.
Comme nous l'avions indiqué dans un article précédent, d'autres industriels américains envisagent eux aussi de mettre en orbite des constellations analogues. L'internet de l'espace, qui sera nécessairement commercialisé, leur font espérer d'importants profits futurs, sans mentionner le prestige qu'il apportera à ses promoteurs. La Russie et la Chine n'ont pas encore à notre connaissance annoncé de projets analogues, mais il est probable qu'elles ne voudront pas en laisser le monopole aux Américains.
De tels projets commerciaux, sans mentionner des équivalents militaires à venir, inquiètent de plus en plus les astronomes. Ces constellations, selon eux, occulteront les images optiques qu'ils ont actuellement de l'espace. Par ailleurs leurs émissions radio rendront inaudibles les très faibles émissions électromagnétiques provenant des astres et qui permettent l'observation radio-astronomique.
On estime généralement que l'espace est suffisamment vaste pour accueillir tous les satellites orbitant autour de la Terre. Actuellement, ils seraient déjà 2.I00 en activité, selon la Satellite Industry Association. Mais ils deviendront 12.000 de plus avec ceux de SpaceX, sans compter ceux à venir. Ils seront ainsi des centaines au dessus de l'horizon à tout moment. Comment croire qu'ils ne perturberont pas l'observation?
Elon Musk a répondu à ces craintes en affirmant sans aucune preuve que ses satellites n'auront pas d'impacts sur l'observation astronomique et que de toutes façons les futurs télescopes seront eux-mêmes placés dans l'espace. Mais ce ne sera pas évidemment lui qui assumera les coûts considérables de ces équipements.
Les scientifiques savent désormais que les enjeux de la science, qui sont un bien commun pour toute l'humanité, seront subordonnés à ceux du profit, dont ne bénéficie qu'une infime partie de la population. Il ne faut pas s'illusionner. Il en sera de même dans tous les domaines de la science. Autrement dit, il faudra renoncer aux recherches fondamentales sans applications commerciales. Il en est déjà de même, mais on sait davantage et depuis longtemps, dans le domaine des sciences à applications militaires.