Avec l'accès au pouvoir à Dehli du conservateur Narendra Modi, ils avaient cru y réussir. Mais aujourd'hui, sans doute inquiet du poids des intérêts américains dans le sous-continent, Modi semble en voie de se rapprocher durablement de l'alliance désormais durable entre la Russie et la Chine.
Dans l'immédiat, ce rapprochement se concrétise dans l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Iran que Donald Trump s'était promis de détruire. La Chine propose désormais à l'Iran de jouer un rôle de connection analogue à celui de la Perse dans le passé au sein de son grand projet de Nouvelles Routes de la Soie (BRI). Lors du récent sommet de l'Organisation de Coopération de Shanghai (SCO à Bishkek, Xi et Poutine ont convenu d'inviter l'Iran à rejoindre ce projet, en faisant valoir les avantages qu'elle y trouverait. Narendra Modi s'était joint à cette proposition.
Les observateurs y ont vu une résurrection du BRICS, ou plus exactement du RIC (Russie, Inde, Chine) qui avait été mis en sommeil dernièrement, principalement sous l'effet des pressions américaines sur Dehli. A ce sommet, Poutine, Xi et Modi ont partagé la même table, avec l'iranien Rohani. Xi en a profité pour faire valoir l'intérêt que l'Inde et les Etats d'Asie centrale trouveront dans ce projet et les nombreux investissements chinois pouvant en résulter. Il était évident que l'Inde ne peut pas accepter ces investissements chinois dans la BRI sans y ajouter les siens, ceci du fait notamment qu'elle ne veut pas voir la Chine monopoliser les relations avec le Cachemire.
Lors du sommet du G 20 à Osaka qui vient de se tenir, Poutine, Xi et Modi ont affiché la même politique. Cette alliance en cours de consolidation concrétise la mise en place d'un monde multipolaire, au contraire du monde mono-polaire résultant jusqu'ici du poids de l'impérialisme américain. Les autres membres du G 20, notamment il faut l'espérer la France, ne manqueront pas d'en tenir compte.