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Billet de blog 29 août 2019

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Défense européenne. MUGS, un début ?

Un des enjeux de la défense européenne  (à distinguer de la défense de l'Europe telle que définie au sein de l'Otan) consisterait à fabriquer des matériels militaires en Europe plutôt que les acheter aux Etats-Unis.

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Les projets sont nombreux, les réalisations concrètes sont à ce jour quasi insignifiantes. La raison principale en est que les militaires européens, y compris leurs homologues français, collaborent en permanence avec les militaires américains. Ceux-ci imposent que les « alliés » européens s'équipent en matériels fabriqués aux Etats-Unis. Les industriels américains de la défense bénéficient d'un budget militaire considérable, que Donald Trump vient de faire encore augmentes. Ils veulent en garder l'exclusivité des profits pour eux.

Rappelons que la collaboration européenne en termes d'équipement relèvent de la Pesco ou CSP, autrement dit Coopération Structurée Permanence. Les 17 premiers projets collaboratifs menés dans le cadre de la CSP ont été validés le 6 mars 2018 par le Conseil européen. Une deuxième liste de 17 projets a été décidée le 19 novembre 2018. Ces projets couvrent sept domaines : la formation, les opérations terrestres, les opérations maritimes, les opérations aériennes, la cyberdéfense et les systèmes de commandement, l'espace.

Chacun des projets est mis en œuvre par un groupe d'États membres de l'Union participant à la CSP. Il est coordonné par un ou plusieurs États membres participants à la CSP, dit coordinateurs de projet). La France est avec l'Italie le pays le plus impliqué dans la CSP. Elle participe comme l'Italie à vingt-et-un projets, devant l'Espagne (18 projets) et l'Allemagne (13 projets). Elle est le pays coordonnateur de sept projets, parmi lesquels  on peut en mentionner trois domaines considérés comme prioritaires :

  • - La rénovation de l'hélicoptère d'attaque Tigre  qui équipe déjà la France, l'Allemagne et l'Espagne, pour permettre de mieux le connecter avec des drones et des véhicules terrestres.

  • - La solution dite EU Radionavigation (EURAS) permettant de géo-localiser les forces avec précision, grâce à Galileo.

    - Le « co-basing » qui facilitera le déploiement de contingents de différents pays européens sur une même base opérationnelle pour faciliter l'accueil entre Européens sur les bases respectives et ainsi réagir plus rapidement en cas de crise.

Faut-il rappeler que de rares pays développent des systèmes d'armes indépendamment de la défense européenne. C'est notamment le cas de la France, avec l'avion Rafale et ses successeurs déjà programmés. Mais ceci n'empêche pas d'autres pays d'être associés à ces programmes.

Un véhicule militaire terrestre sans conducteur à bord

On apprend aujourd'hui qu'un consortium de sept Etats Européens, dirigé par l'Estonie, se sont accordés pour réaliser en commune un véhicule militaire terrestre sans conducteur à bord. Il s'agira du MUGS ou Modular Unmanned Ground Systems. Un tel véhicule sera en principe piloté à distance mais il pourra éventuellement réaliser seul certaines actions à l'aide de logiciels dits intelligents capables d'une certaine capacité d'initiative et d'adaptation. Il pourra transporter diverses charges, Il disposera de capteurs et d'un système de navigation autonome hautement sécurisé adapté à la guerre électronique

L' Estonian Center for Defense Investments s'est accordé avec des délégués de la Belgique, la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Espagne et la Lettonie à Tallinn pour prendre la direction du projet de MUGS. Le projet sera financé en partie par l'Agence Européenne de Défense. 34 millions de dollars restent encore à trouver. Les pays participants devront les fournir. L'industriel en charge de la réalisation sera l'entreprise européenne travaillant pour la défense Milrem Roboticsfabricant d'un véhicule autonome déjà en service dans l'armée estonienne, nommé THeMIS;

Il aura fallu une année et demi de négociations pour s'accorder sur un tel projet. Dans la mesure ou l'Estonie comme la Lettonie sont engagées, d'ailleurs sous la pression de Washington, dans la protection des frontières européennes contre une éventuelle attaque terrestre de l'armée russe, on se demandera si le MUGS inquiétera beaucoup les stratèges militaires de Moscou.

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