On avait soupçonné Mateo Salvini de rechercher, à la faveur de nouvelles élections, une responsabilité comme chef d'un futur gouvernement, le mettant en bonne posture pour se faire élire ultérieurement comme président de la République à la suite de l'actuel président Sergio Mattarella.
On vient d'apprendre cependant que les chefs du Parti Démocrate (PD), réputé de centre gauche et du mouvement Cinq Etoiles, se sont mis d'accord pour former un nouveau gouvernement de coalition. A priori, rien ne les rapprochait. Beaucoup pensent qu'ils y ont été poussés par la crainte de nouvelles élections qui auraient pu faire apparaître une majorité encore plus hostile à l'Union Européenne et à domination des multinationales américaines que ne l'était le précédent gouvernement.
Les marchés financiers, selon Reuters, ont accueilli cette nouvelle avec enthousiasme, au prétexte que ce nouveau gouvernement serait fiscalement prudent, c'est-à-dire qu'il renoncerait aux nouveaux impôts envisagés par le précédent gouvernement pour réduire l'important déficit public italien. Cependant les deux partis ne semblent pas à ce jour s'être mis d'accord pour un nouveau programme politique ni sur les noms des futurs ministres. La majorité dont ils disposent dans le parlement actuelle est réduite et leurs points d'accord possibles pour les prochains mois n'apparaissent pas clairement. Comme la crise économique italienne actuelle et le chômage important ne diminueront pas faute d'accord au niveau de la nouvelle majorité, il est difficile de prévoir ce que sera leur programme ni ce que seront ses chances de succès.
Néanmoins, le président Sergio Matarella a chargé le 29 août Giuseppe Conte, chef de Cinq Etoiles, président du Conseil sortant, de proposer un nouveau gouvernement. Les deux formations doivent maintenant se mettre d'accord sur le programme et la composition de leur futur gouvernement, afin d'éviter la tenue de nouvelles élections législatives dans le pays. Il s'agira ensuite à Giuseppe Conte d'obtenir la confiance des deux chambres du Parlement. Mateo Salvini est considéré comme perdant, au moins dans les prochaines années.
Mais pour Giuseppe Santoliquido, spécialiste de la politique italienne, il est encore trop tôt pour affirmer cela. "Salvini se dit que, dans l'opposition, il va pouvoir attaquer à tous propos les deux partis. D'ici 6 à 7 mois, on retournera aux élections, et là, il aura très certainement une majorité absolue pour gouverner , seul ou en coalition avec l'extrême-extrême-droite, Fratelli d'Italia.
Aujourd'hui les sondages donnent 40% ou plus à la Ligue. En cas d'élections générales victorieuses pour le parti de Matteo Salvini, s'il dispose d'une majorité à la Chambre et au Sénat, il aura aussi la main dans deux ans pour élire le président de la République et le conseil supérieur de la magistrature.
Beaucoup en Europe seront renforcés dans leur opinion selon laquelle la vie politique italienne est un cirque. Mais sous des dehors plus raisonnables, la vie politique dans les autres pays européens, y compris aujourd'hui en Grande Bretagne, ne mériterait-elle pas le même reproche ?
Note
On pourra lire à ce sujet un article très critique du World Socialist Web Site