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La tuerie à Charlie-Hebdo a choqué par sa dimension symbolique la France entière, et a interpellé la planète entière.
La journée du dimanche 11 janvier a été marquée par une mobilisation citoyenne exceptionnelle, relayée par les médias de tous les pays. Les dessinateurs et journalistes assassinés en seraient stupéfaits.
Il est évident que l'immense majorité des musulmans de France sont effarés par cette tuerie. N'oublions pas qu'ils sont avant tout représentés par les citoyens d'origine algérienne, qui avec leurs familles sont les premiers à avoir souffert du terrorisme islamiste algérien dans les années 1990.
Leurs réactions vont toutes dans le sens d'une condamnation de cette tuerie.
Qu'il s'agisse des musulmans s’exprimant à titre personnel.
Ou qu'il s'agisse de sites religieux comme le CFCM ou l'UMF, ou encore de sites communautaires comme Saphirnews ou Oumma.
Un antiracisme mal placé
Cependant, certains militants, au nom d'une soi-disant lutte contre l'islamophobie, avaient attisé la haine et cautionné le recours à la violence.
Jeannette Bougrab, la compagne de Charb, le directeur de Charlie Hebdo (et présidente de la HALDE en 2010), pointe du doigt ceux qui ont accusé plusieurs fois Charlie Hebdo d'islamophobie au sens raciste, évoquant notamment «certains mouvements de gauche» ou «les Indigènes de la République».
Christophe Ramaux, membre du collectif d’animation des Économistes atterrés, revient également sur le rôle de certains mouvements de gauche, qui assimilaient à répétition la posture de Charlie Hebdo à une islamophobie raciste.
Régis Soubrouillard, journaliste à Marianne, rappelle : «Charlie Hebdo : des combattants de la laïcité cible privilégiée des islamo-gauchistes».
Mais je veux avant tout parler de ceux qui avaient lancé en novembre 2011 l'appel «contre le soutien à Charlie Hebdo».
Cette nuit du 10 au 11 janvier 2015, les locaux d'un quotidien de Hambourg, en Allemagne, ont été incendiés. Celui-ci, à la suite de la tuerie de Charlie, avait reproduit des caricatures sur Mahomet.

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Début novembre 2011, après l'annonce de la publication d'un numéro spécial rebaptisé «Charia Hebdo», avec Mahomet comme rédacteur en chef, les locaux de l'hebdomadaire avaient été dévastés par un cocktail-molotov, et son website piraté, avec sa page d’accueil remplacée par une photo de La Mecque et des versets du Coran.

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L'appel de 2011 « contre le soutien à Charlie Hebdo »
Quelques jours plus tard, une vingtaine de « militants » se proclamant antiracistes appelaient, sur le site Les Mots Sont Importants, à ne pas soutenir Charlie Hebdo. En assénant « qu’il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo », en se gaussant de « cet espace de "libre expression" qu’il s’agirait aujourd’hui de défendre, main dans la main avec Charb, Luz, Riss et leurs supporteurs Claude Guéant, Ivan Rioufol et Marine Le Pen », ou en martelant « leur écoeurement face à la nouvelle marque de fabrique de cet hebdomadaire : un anticléricalisme primaire doublé d’une obsession islamophobe ».
J'invite à lire dans le texte cet appel affligeant.
Notons que le site de LMSI ne dit pas un mot de la tuerie de Charlie.
Parmi la vingtaine de signataires :
- Saïd Bouamama, « sociologue et militant antiraciste ».
Il a réagi à la tuerie de Charlie Hebdo en dénonçant avec insistance « l'islamophobie » française, laquelle, à côté de facteurs géopolitiques, est responsable selon lui des trajectoires des tueurs (« ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent. »)
Et il ne trouve rien de mieux à dire que « il est hors de question d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui. »
Voilà au moins quelqu'un qui a de la suite dans les idées : Charlie Hebdo récolte ce qu'il a semé... - Youssef Boussoumah et Houria Bouteldja, « membres du Parti des Indigènes de la République ».
Le Parti des Indigènes de la République a cependant fait pour une fois montre d'intelligence en condamnant la tuerie de Charlie. - Ismahane Chouder et Ndella Paye, « membres du Collectif des Féministes Pour l’Egalité, de Mamans Toutes égales et de Participation et Spiritualité musulmanes ». Cette dernière association condamne la tuerie de Charlie, les autres n'en parlent pas.
Les signataires ci-dessus, ainsi que d'autres signataires (Christine Delphy, Laurent Lévy) participaient à la « Journée contre l'Islamophobie » du 13 décembre 2014. Parmi les organisations responsables de cette journée se trouvaient des organisations de la gauche radicale : ATTAC France, Front de gauche, NPA, Politis, Mediapart.
Et trois des signataires font partie des dix nominés par le site Oumma.com pour le titre de « personnalité préférée de l’année 2014 » : Saïd Bouamama, Youssef Boussoumah et Ismahane Chouder. Notons qu'on y trouve aussi Edwy Plenel, dont l'ouvrage Pour les musulmans (2014) vise à déconstruire les préjugés des Français.

Rokhaya Diallo
Parmi les signataires, on trouvait aussi la plus médiatique Rokhaya Diallo. Qui n'était pas encore née quand Cabu, ou Cavanna (lequel a eu la prudence de quitter ce monde il y a un an), ont commencé à dézinguer (au crayon) la curetaille de souche dans les années 60-70.
Mlle Diallo s'était déjà tristement illustrée en signant en 2010 l'appel Pour les cinq de Villiers le Bel.
Pour rappel, à Villiers-le-Bel en 2007, suite à un accident où deux adolescents avaient trouvé la mort sur une mini-moto entrée en collision avec une voiture de police, des jeunes voyous s'étaient mis à tout casser et incendier, y compris l'école maternelle et la bibliothèque, et de nombreux policiers avaient été blessés, dont plus de cinquante par armes à feu.
Et le jour de l'ouverture du procès, en juin 2010, une quinzaine d'« intellectuels » du monde littéraire ou artistique parisien, dont Rokhaya Diallo, signaient un appel où les casseurs et les flingueurs étaient présentés comme les nouveaux héros révolutionnaires :
« A Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007, […] les roueurs ont été roués. L’espace de deux soirées, la peur a changé de camp. »
[...]
Les « forces de l’ordre […], après avoir renversé deux enfants du quartier et entraîné leur mort, vont se plaindre devant le tribunal d’avoir reçu quelques plombs dans l’épaisseur de leurs gilets pare-balles. »
Là aussi, j'invite à lire dans le texte cet appel affligeant.
Inutile de rappeler qu'un gardien de la paix, Ahmed Beramet, a été froidement abattu par les tueurs de Charlie.
Inutile de rappeler qu'Amedy Coulibaly, délinquant mutirécidiviste en contact avec les frères Kouachi, a abattu sans raison le lendemain 8 janvier une policière municipale à Montrouge, avant sa dramatique prise d'otages porte de Vincennes le 9 janvier.
Rokhaya Diallo a co-fondé fin 2006 l'association Les Indivisibles, qui par parenthèse ne dit pas un mot sur la tuerie de Charlie.
Les Indivisibles ont décerné de 2009 à 2013 les Y'A Bon Awards, qui se voulaient des César ironiques récompensant les « meilleures phrases racistes » prononcées par des personnes publiques.
En 2013, on trouvait parmi les nominés Jeannette Bougrab, la compagne de Charb, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon ou, parmi les nommés, d'Élisabeth Badinter, tous accusés d'islamophobie. C'est dire la crédibilité des actions de cette association.
Parmi les personnages auxquels étaient imbécilement assimilés les dessinateurs de Charlie Hebdo dans l'« appel » de 2011 contre ce journal, se trouvait Ivan Rioufol, cité aux côtés de Claude Guéant et Marine Le Pen. Le 8 janvier, lendemain de la tuerie, sur RTL (On refait le monde), ce personnage simpliste sommait les musulmans de se désolidariser de cet acte. Et paraît-il Rokhaya Diallo, présente à cette émission, de fondre en larmes. Autant les musulmans n'ont pas attendu l'injonction du sieur Rioufol pour exprimer leur position, autant cette question était, hélas, légitime vis-à-vis de Mlle Diallo, qui est, trois fois hélas, l'alliée objective des Yvan Rioufol, des Robert Ménard, des Éric Zemmour, et autres gars de la Marine.
En conclusion...
Bien entendu, ni Rokhaya Diallo ni les signataires de l'appel de 2011 n'ont requis ni ne soutiennent consciemment le meurtre de qui que ce soit.
Mais leurs positions incongrues en font les « idiots utiles » des islamo-terroristes.
Mediapart a choisi depuis décembre 2014 Rokhaya Diallo comme collaboratrice pour animer sa rubrique vidéo mensuelle Alter-égaux.
Je n'avais pas attendu ce drame pour m'étonner de ce choix par Mediapart.
Elle a encore, j'espère, le temps de mûrir, et de prendre conscience de ses erreurs. Par exemple, de se rendre compte que ce néologisme auquel elle semble tant tenir, l'« islamophobie », assimile stupidement l’islamophobie antireligieuse et l’islamophobie xénophobe.
En attendant, si Edwy Plenel et l'équipe de Mediapart continuent à lui confier une rubrique, ils discréditent la cause qu'ils veulent défendre.