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M Macron a été secrétaire général adjoint (en charge des questions économiques) du cabinet du président de mai 2012 à juillet 2014, puis ministre de l'Économie d'août 2014 à août 2016.
Les effets des mesures qu'il a préconisées ne brillent pas jusqu'à présent par leur efficacité sur l'emploi.
Site du ministère du Travail
* les principales catégories de demandeurs d'emploi sont les suivantes :
A : tenus de rechercher un emploi et sans activité
B : tenus de rechercher un emploi et ayant exercé une activité réduite courte dans le mois (moins de 78 heures travaillées dans le mois)
C : tenus de rechercher un emploi et ayant exercé une activité réduite courte dans le mois (plus de 78 heures travaillées dans le mois)
- Fin mai 2012 :
En France métropolitaine :
. nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A : 2 922 100
. nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories B et C : 1 425 000
= nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C : 4 347 100
(en France y compris DROM : 4 621 000).
- Fin février 2017 :
En France métropolitaine :
. nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A : 3 464 400.
. nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories B et C : 2 050 800
. nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C : de 5 515 200
(en France y compris DROM : 5 817 600).
Donc, pour s'en tenir à la catégorie A : plus d'un demi million (542 300) de chômeurs en plus en France métro durant le quinquennat d'après les données actuelles. Soit une augmentation du chômage de 18,6 %.
Les données présentées concernent les demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi.
La notion de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi est une notion différente de celle de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT).
Site de l'INSEE
Les statistiques INSEE recensent les chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) : personne en âge de travailler (c’est-à-dire ayant 15 ans ou plus) qui n’a pas travaillé, ne serait-ce qu’une heure, au cours de la semaine donnée, est disponible pour travailler dans les deux semaines et a entrepris des démarches actives de recherche d’emploi dans le mois précédent.
Un tableau téléchargeable indique les chiffres au fil des trimestres :
- Au 2ème Tr 2012 : 2 661 000 chômeurs au sens du BIT (9,3%) en France métropolitaine, et 9,7 % en France y compris DROM (sauf Mayotte)
- Au 4ème Tr 2016 : 2 783 000 Chômeurs (9,7 %) en France métro, et 10 % en France y compris DROM.
Donc seulement 122 000 chômeurs supplémentaires. Les critères du BIT sont plus cléments, mais on ne voit toujours pas d'inversion de la courbe !

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Les mesures de M Hollande & Co
On a en tête les cadeaux que la Macron-économie a soufflé à Hollande :
- le CICE a été lancé dès l’automne 2012 (crédit d'impôt équivalent à 4% de la masse salariale de l'entreprise hors salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC, porté à 6% en 2014),
- le pacte de responsabilité et de solidarité a été annoncé fin 2013, reposant sur une baisse de cotisations sociales patronales pour les salaires compris entre 1 et 3,5 SMIC, ainsi qu’une baisse de la fiscalité sur les entreprises (aménagements de l'impôt sur les sociétés).
Le premier Viagra législatif que le gouvernement social-libéral de M Hollande a servi au Medef a ainsi été la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite "loi Macron".
On se rappelle que Manuel Valls avait pour ce faire eu recours au "49.3", à chaque fois que le projet de loi était passé au palais Bourbon (en février, en juin, et en juillet 2015).
Cet allègement des charges sociales et des impôts des entreprises a représenté 10 milliards d'euros en 2014, 24 Mds € en 2015, 33 Mds € en 2016, et devrait atteindre 41 Mds € à partir de 2017.
Et on nous bassine avec le déficit et la dette…
Or, quel est le constat ? Que grâce à ces cadeaux, le marges des entreprises ont significativement augmenté, mais que les entreprises n'ont nullement utilisé ces marges pour investir.
Donc compétitivité = macache, exportations = macache, emplois = macache.
Mais attention, hien, Pierre Gattaz, président du Medef, est reconnaissant : il soutient la candidature de Macron, même s'il préférerait Fillon.
Et pourtant, Hollande a bénéficié de deux paramètres conjoncturaux externes majeurs pour relancer la croissance :
- la baisse du cours du brent (baril de pétrole brut) à partir de mi 2014,
- la politique d'assouplissement monétaire lancée par la BCE depuis début 2015 (baisse radicale des taux d’intérêt directeurs et programme de rachat d’actifs financiers).
Bref, ceci donne à penser que la dynamique de l’investissement ne dépend pas en premier lieu de celle des profits, mais de la vigueur de la demande.
On peut donc s'inquiéter à propos de M Macron, épigone appliqué d'Attali, et de ses réformes libérales qui se veulent "rationnelles", visant à ne pas freiner la course schumpeterienne du capitalisme.
Et on peut ne pas idolâtrer la Sainte Trinité Productivité, Rentabilité, Compétitivité, où les travailleurs et leur activité sont de simples variables d'ajustement, et où le citoyen est avant tout un client qui doit consommer toujours plus.
En d'autres termes, la politique de l'offre prônée par la droite et la "gauche" socio-libérale a montré ses limites. La politique de la demande, prônée par la gauche, n'est donc pas qu'une posture idéologique.
Bon, il persiste un problème de fond : politique de l'offre ou politique de la demande, on reste dans le système de consommation et dans le culte délétère de la croissance.
Mais on va dire que les citoyens ont encore besoin d'un peu de recul pour saisir cet enjeu.