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Billet de blog 3 janvier 2012

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Disparition d’Elisabeth Allès, sinologue engagée

Décidément, l’année 2011 n’aura cessé de nous réserver de mauvaises surprises. En emportant de manière fulgurante Elisabeth Allès, la maladie a remporté une victoire rapide contre cette combattante infatigable qui, il y a moins de dix jours, préparait encore les conférences qu’elle s’apprêtait à donner.

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Décidément, l’année 2011 n’aura cessé de nous réserver de mauvaises surprises. En emportant de manière fulgurante Elisabeth Allès, la maladie a remporté une victoire rapide contre cette combattante infatigable qui, il y a moins de dix jours, préparait encore les conférences qu’elle s’apprêtait à donner.

Ils ne sont pas nombreux les sinologues qui refusent de s’enfermer dans la tour d’ivoire de la « science » pour s’engager aux côtés des Chinois. Elisabeth était de ceux-là. Spécialiste des musulmans chinois, cette minorité trop souvent ignorée, l’anthropologue qu’elle était n’a cessé de se rendre au Henan, notamment auprès des femmes imam, et a étendu son objet de recherche à tous les musulmans de Chine. En juillet dernier, malgré la maladie qui affectait sa capacité de marcher, elle s’est encore rendue au Xinjiang pour enquêter sur la situation qui avait conduit aux émeutes ouighoures de juillet 2009. Son enthousiasme et sa compétence lui avaient permis de réaliser des entretiens très intéressants sur ces questions. Jusqu’au bout, elle aura parlé pour faire connaître le sort des musulmans de Chine.

Et Elisabeth ne s’en est pas tenue là. Responsable depuis des années de la section de la Ligue des droits de l’Homme de l’EHESS, elle a été à l’avant-garde de la lutte des sans-papiers chinois depuis plus d’une décennie. Un jour que j’ enquêtais à Wenzhou, des paysans de Yongjia m’ont demandé de des nouvelles de cette « Ailishabeite », cette femme extraordinaire qui se battait pour défendre les droits des immigrés en France. Elle leur manquera sans aucun doute, comme elle manquera à tous ses amis nombreux dans la profession. Adieu Elisabeth ! Nous ne t’oublierons pas.

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