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Billet de blog 6 octobre 2014

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« Une autre politique est possible »

Edgar Morin, dans une interview au site Reporterre, s'interroge sur les chances d'une « résurrection » de la politique. Critique implacable de « nos malheureux dirigeants socialistes intoxiqués par la finance », le sociologue et philosophe plaide pour l'invention d' « une pensée politique qui rassemble en faisceau » les idées des mouvements sociaux, écologiques, associatifs qui luttent contre le néo-libéralisme. Et de s'interroger : « Pourquoi ne pas faire une fédération du renouveau ? »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Edgar Morin, dans une interview au site Reporterre, s'interroge sur les chances d'une « résurrection » de la politique. Critique implacable de « nos malheureux dirigeants socialistes intoxiqués par la finance », le sociologue et philosophe plaide pour l'invention d' « une pensée politique qui rassemble en faisceau » les idées des mouvements sociaux, écologiques, associatifs qui luttent contre le néo-libéralisme. Et de s'interroger : « Pourquoi ne pas faire une fédération du renouveau ? »

Reporterre : Edgar Morin, croyez vous encore à la politique ?

Edgar Morin : Cela dépend de ce que vous entendez par là. Je crois en la nécessité d’une pensée politique pour une action politique. Ce que je vois, c’est que le vide de toute pensée politique dans les représentants de tous les partis de pouvoir ou d’opposition, un vide rempli par le fait d’être à la remorque d’un économisme, qui n’est même pas l’économie stricto sensu, mais une doctrine de l’économie néo-libérale, avec des mots gri-gri, comme croissance, résorber la dette, compétitivité, etc.

Donc, je vois une situation très dommageable, très grave, très menaçante, mais je pense à la nécessité d’une reconstruction d’une pensée politique, qui est un préalable.

Vous allez réunir des gens qui représentent des partis politiques, la gauche, Nouvelle Donne, tout ça, mais il y a aussi une fermentation de pensée politique dans des associations et dans des groupes qui n’ont pas officiellement d’étiquette politique, mais qui portent à mon avis les germes d’un renouveau politique.

Vous avez eu un entretien avec Alain Caillé, qui promeut le convivialisme. Ce mouvement du convivialisme est très important à intégrer dans la pensée politique. Le thème de la convivialité a été introduit dès 1970, par Ivan Illich, en même temps que le message écologique.

Mais alors que le message écologique a fini par prendre – pas aussi puissamment qu’il devrait l’être -, parce qu’il y avait des choses visibles, Tchernobyl, Fukushima, les pluies acides, le réchauffement, la pollution, tout ça est sensible, tous les maux de l’absence de convivialité, d’une civilisation où sont détruites les solidarités, tous ces vices ont été attribués à des facteurs privés.

Ceux qui ne sentent pas bien, qui ont des insomnies, qui ont des maux de tête, qui ont des difficultés digestives, vont consulter le docteur, le psychanalyste, le gourou, ils croient qu’ils ont affaire à des choses personnelles, ce qui est vrai, mais en même temps, ils souffrent d’un mal de civilisation, et ce mal de civilisation n’est pas diagnostiqué. Regardez toutes les souffrances, les myriades de petites souffrances invisibles, causées par la bureaucratisation, aussi bien de nos administrations publiques que de nos grandes entreprises. Les gens téléphonent, ils entendent des petites musiques, on les fait lanterner, le téléphone se coupe, ils vont dans des bureaux, on les renvoie à un autre guichet - on a affaire à un monde de compartimentation, où personne n’aide l’autre, c’est un des exemples de ce mal de civilisation.

Alors, il faut rassembler. Mais chacune de ces associations finit par avoir son autonomie, son petit chef, et dans le fond, ils sont très contents, l’idée d’un rassemblement leur fait peur. C’est comme les nations souveraines qui ont peur de se rassembler.

LIRE LA SUITE de l'interview d'Edgar Morin,

réalisée par Hervé Kempf,

sur le site de Reporterre :

http://www.reporterre.net/spip.php?article6388

Photo : Hervé Kempf

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