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Billet de blog 31 mai 2014

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Pas de Panthéon, en Guadeloupe, pour un criminel !

La dépouille du général napoléonien Richepanse, connu en Guadeloupe pour y avoir rétabli dans le sang l'esclavage en 1802, repose encore dans l'île. Une insulte aux Guadeloupéens, selon le LKP, qui demande, dans une lettre ouverte à François Hollande, le rapatriement en métropole de ce « scélérat ». 

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La dépouille du général napoléonien Richepanse, connu en Guadeloupe pour y avoir rétabli dans le sang l'esclavage en 1802, repose encore dans l'île. Une insulte aux Guadeloupéens, selon le LKP, qui demande, dans une lettre ouverte à François Hollande, le rapatriement en métropole de ce « scélérat ».

Lettre ouverte à François HOLLANDE,

Marcelle PIERROT et Jacques GILLOT

RAPATRIEMENT DE LA DÉPOUILLE

DU GÉNÉRAL ESCLAVAGISTE RICHEPANSE

Monsieur le Président de la République Française,

Madame la Préfète de Région,

Monsieur Le Président du Conseil Général,

L’État que vous représentez a commis et couvert de très nombreux crimes dans les colonies au nom du Peuple Français.

Le territoire et le peuple de la Guadeloupe souffrent encore aujourd’hui d’un monstrueux paradoxe : La dépouille du général RICHEPANSE, envoyé par NAPOLÉON rétablir l’esclavage en mai 1802, « repose pour l’éternité » au Fort Louis DELGRÈS, du nom de celui là même qui l’a combattu. [lire sa biographie dans l'encadré ci-après]

Et ce sont les Guadeloupéens, descendants d’esclaves, agents du conseil général de Guadeloupe, qui entretiennent la tombe de ce bourreau avec les impôts des Guadeloupéens.

Au nom du Peuple Français, Le général Antoine Richepanse, acteur conscient dans l’application des directives de Napoléon a pris un arrêté le 16 juillet 1802 rétablissant l’esclavage en Guadeloupe huit ans après la loi du 16 Pluviôse An II (4 février 1794), date de la première abolition.

Ce scélérat meurt le 3 septembre 1802 sur l’habitation Lasalle au Matouba. Les autorités procèdent à son inhumation dans le fort de Basse–Terre, dénommé à l’époque, fort Saint – Charles. Le mépris et l’injure publique se révélèrent sans limite lorsque le pouvoir central, par un arrêté consulaire du 3 mars 1803, lui rendit un hommage appuyé en rebaptisant le dit fort de son nom : « Fort Richepanse ».

Mais quelle région de France accepterait d’entretenir la tombe d’HITLER, de GOEBBELS ou d’IMMLER, ces assassins nazis ? Sûrement aucune !

Aussi les Guadeloupéens ne sauront tolérer qu’une telle insulte perdure et nourrisse la légitimité de ce crime. Le Gouvernement de la France se doit de prendre, sous votre haute autorité, toutes les dispositions nécessaires au rapatriement des restes de ce criminel mandaté par les autorités françaises et dont les décisions et les actes ne seront jamais absouts avec le temps écoulé.

Recevez, Madame, Messieurs, nos salutations les meilleures.

Pour Le LKP

Élie DOMOTA

http://ugtg.org/article_2125.html

***ENCADRÉ***

LOUIS DELGRÈS

Héros de la Révolution

et de la Guadeloupe

Le 10 mai 1802, Louis Delgrès (36 ans) adresse «à l'univers entier le dernier cri de l'innocence et du désespoir».

Par cette proclamation affichée sur les murs de Basse-Terre, en Guadeloupe, ce brillant officier de l'armée de la Révolution s'indigne que l'on veuille rétablir l'esclavage sur l'île. Il revendique le droit de résistance à l'oppression et lance un appel à la fraternité.

Fidèle à la République et à la patrie, Louis Delgrès, fils d'un planteur martiniquais et d'une mulâtresse, soupçonne à juste titre le Premier consul Bonaparte de vouloir rétablir l'esclavage huit ans après qu'il eut été aboli par la Convention.

Justement, le général Antoine Richepance débarque sur l'île dans ce but avec 3500 hommes. Louis Delgrès et d'autres officiers métis comme Joseph Ignace se rebellent. Ils se réfugient avec des hommes de troupe dans le fort Saint-Charles, à Basse-Terre.

La position devient vite intenable. Joseph Ignace et 600 hommes évacuent le fort et se postent près de Pointe-à-Pitre, dans la redoute de Baimbridge. Quant à Louis Delgrès, il se retranche avec 300 hommes à Matouba, sur les hauteurs de Basse-Terre, dans l'habitation Danglemont, après avoir placardé sa proclamation sur les murs de la ville.

À Baimbridge, c'est l'hécatombe, Ignace, ses deux fils et tous leurs hommes sont tués par les troupes de Magloire Pelage, un officier métis rallié à Richepance. Le 28 mai 1802, c'est au tour de Delgrès de subir l'assaut.

Après de terribles combats auxquels participent des femmes telles que la mulâtresse Solitude, le colonel, plutôt que de se rendre, choisit de se faire sauter avec ses compagnons survivants, non sans avoir fait évacuer au préalable les habitants de l'endroit, y compris les Blancs.

La répression est particulièrement sanglante. Solitude, enceinte au moment de sa capture, est pendue après l'accouchement. L'esclavage est rétabli en Guadeloupe. Ce faisant, Richepance va plus loin que le décret du 20 mai 1802 qui prévoit seulement son maintien là où il n'a pas été aboli : dans l'océan Indien et «dans les colonies restituées à la France en exécution du traité d'Amiens» (la Martinique).

Source Herodote : http://www.herodote.net/10_mai_1802-evenement-18020510.php

• LIRE l'interview d'ÉLIE DOMOTA, sur ce blog, le 19 novembre 2013, « Guadeloupe : la situation est explosive » : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/191113/guadeloupe-la-situation-est-explosive

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