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Ce « RIC » relève de la même logique que celle du régime présidentiel. D’ailleurs, De Gaulle considérait le référendum comme le corolaire idéal de sa conception démocratique de l’État, mais De Gaulle s’opposait au parlementarisme. Or aujourd’hui, tous les élus confondus sont assimilés et rejetés, et au premier desquels le président de la république.
La même logique les anime, celle d’imposer un arbitraire.
Dans le régime présidentiel on élit un président, qui décide, c’est à dire qui impose son arbitraire considéré légitime parce qu’il a été élu au suffrage universel. Le RIC fera la même chose, il imposera un arbitraire considéré légitime parce qu’il aura été décidé par la majorité des citoyens au suffrage universel.
Dans les deux cas, on choisit l’arbitraire de la décision, on ne choisit pas de débattre, on ne choisit pas le débat citoyen : le débat citoyen, électoral, ne sert qu’à désigner celui ou ceux qui prendront les décisions arbitraires.
Dans les deux cas, aussi bien du côté de la classe politique, au pouvoir ou dans l’opposition, que du côté des « révoltés populaires », on considère que la décision arbitraire est la bonne décision. Or la décision arbitraire est une décision simpliste qui ne peut tenir compte du détail des situations diverses innombrables, ni de la complexité des solutions à y apporter.
La prise en compte de la diversité innombrable et de la complexité efficace pourrait se réaliser par la participation des citoyens - à la base -, pour élaborer les décisions au plus près des besoins, puis ensuite devrait remonter vers les instances élues pour généraliser les mesures en les harmonisant.
Le Référendum d’Initiative Citoyenne court-circuite la démarche démocratique participative, elle l’empêche. Alors que la démocratie participative devrait être une démocratie montante, de la base vers le sommet ; mais pour que cela soit possible il ne faut pas que les décisions soient prises préalablement de manière arbitraire, par des hauts fonctionnaires, des experts ou par des politiques, ni par le « peuple ».
Il faudrait que les instances politiques ainsi que l’ensemble de la population acceptent d’admettre que les décisions imposées d’en haut, d’une manière ou d’une autre et par qui que ce soit, ne sont plus acceptées, elles seront donc en définitive inefficaces.
Mais alors il faudra reconfigurer les institutions de la république parce que celles-ci s’opposent à la démocratie participative.
Jean-Pierre Bernajuzan