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Billet de blog 24 avril 2020

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Comment reconstruire, inventer, imaginer le monde d’après ?

L’historien Pascal Ory sur France-Culture. L'histoire pour penser l'avenir, pour reconstruire et réinventer : comment les crises ont-elles fait naître des mondes nouveaux, tangibles ou fantasmés ? Le monde d’après est-il un monde nouveau ? Nos ancêtres, eux aussi, ont un jour imaginé leur avenir, qui est notre présent, certains ont vu juste, d’autres se sont trompés, mais toutes les pistes..

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L’historien Pascal Ory sur France-Culture. L'histoire pour penser l'avenir, pour reconstruire et réinventer : comment les crises ont-elles fait naître des mondes nouveaux, tangibles ou fantasmés ? Le monde d’après est-il un monde nouveau ? Nos ancêtres, eux aussi, ont un jour imaginé leur avenir, qui est notre présent, certains ont vu juste, d’autres se sont trompés, mais toutes les pistes envisagées font sens, c’est le perpétuel questionnement de la nature humaine : que sera l’avenir ?

Avènement - évènement, crises, révolutions, sens de l’histoire, siècles, peur, collapsologies, nationalismes, mobilisation, autorité, lendemains qui chantent…

On passe de l’avènement originel chrétien qui était l’actualisation prévue du passé, à l’évènement au XVe siècle, qui inaugure l’avenir ; le passé ne détermine plus l’avenir.
L’évènement détermine l’avenir par ses effets, et non par ses causes.
L’évènement est un accélérateur de l’évolution en cours.
La sidération de l’évènement.
La « crise » est à l’origine, grecque, un terme médical qui indique le moment la plus grave de la maladie.
La crise est une rupture, une refondation et une accélération des évolutions en cours.
La notion de « siècle » commence à exister au XVIIIe siècle, à partir des révolutions.
Le « sens de l’Histoire » vient de la « révolution chrétienne ».
Les collapsologues ont toujours existé.
La peur est normale, elle est une défense face au péril. La peur ne disparaîtra pas de la condition humaine parce qu’elle est la peur de la mort, qui ne disparaîtra jamais.
La mondialisation ne produit pas le mondialisme : la pandémie renforce le nationalisme.
La « mobilisation » est une vertu de responsabilité individuelle protestante.
La situation de crise conduit au renforcement de l’autorité, voire de l’autoritarisme.
Le fascisme vient de la droite et de la gauche, mais il vient de « l’évènement » de la guerre.
Les lendemains qui chantent

  • « En histoire il n’y a pas de causes, il n’y a que des effets. C’est-à-dire que ce qui est important c’est la manière dont les sociétés vont métamorphoser, traduire, ce qui leur arrive. Une crise économique comme en 1929, une guerre comme en 1914, une pandémie comme en 2020… Ce qui est lourd ce sont les conséquences et ces conséquences évidemment aucun historien, comme aucun prophète, ne peuvent les annoncer sur le coup de l’évènement. Donc il y a une sorte de deuxième évènement qui est cette imprévisibilité des conséquences. » Pascal Ory 
  • « La notion de crise est intéressante par son étymologie. « Crisis » dans la médecine grecque, c’est-à-dire la base de toute la médecine occidentale, désigne la phase la plus grave d’une maladie. Et le moment où l’on cesse de limiter la notion de crise à la médecine c’est à peu près le XVIIIe siècle. Jean-Jacques Rousseau dans Émile écrit : « Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions ». Mais à l’époque ça ne se disait pas. D’ailleurs « siècle des révolutions » c’est assez prophétique et « état de crise » jusque-là c’était un vocabulaire de médecin. Il est donc intéressant de voir que c’est le siècle des Lumières, des révolutions, qui a besoin du mot nouveau qu’est celui de crise. » Pascal Ory 
  • « L'idée que l'histoire est orientée, qu'elle a un sens non pas cyclique ou que ce sens a du sens, c'est évidemment une idée qui est entièrement liée à ce que j'appellerais la révolution chrétienne. Les différentes cultures pré-chrétiennes, les différentes cultures aussi achrétiennes, ne sont pas dans cette perspective orientée. Mais moi, ça ne me gêne pas de dire que jusqu'à la chute du mur de Berlin, l'Occident, comme le monde musulman, ont fonctionné sur cette orientation. Pourquoi la chute du mur de Berlin ? C'est que pour moi, via d'ailleurs le siècle des Lumières, le marxisme a prolongé cette idée que l'histoire avait un sens et ce sens n'était pas le retour, la parousie du sauveur, la fin des temps, c'était le triomphe en l'espèce, nous le disait Marx et Engels, du prolétariat. Or, qu'est ce qui se passe avec la chute du mur de Berlin ? C'est que la grande expérience léniniste rencontre ses limites. Voilà, ce n'est pas du tout un jugement de valeur, c'est un constat. Donc, la chute du mur de Berlin, c'est vraiment pour moi une date importante dans le trouble, peut être un effondrement du sens de l'histoire qui avait été sécularisé par le siècle des Lumières, qui avait été sécularisé par le marxisme léninisme. Et on se retrouve par exemple devant une pandémie. C'est le type même d'évènement des sociétés d'avant, des sociétés qui ne sont plus essentiellement animées par l'orientation. Jusqu'à la chute de Saïgon en 1975, on voit très bien quel peut être le sens de l'histoire depuis la révolution d'octobre. Tout est raccord. Et puis non. La chute de Saïgon et de Phnom Penh, à quelques jours d'intervalle, ce n'était pas la poursuite de l'orientation, c'était le commencement de la fin. » Pascal Ory 

https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/comment-reconstruire-inventer-imaginer-le-monde-dapres

C'est une émission passionnante qui offre une lecture de l'Histoire proactive très signifiante dans notre situation.

Jean-Pierre Bernajuzan

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