La problématique diffère complètement selon que l'on veuille accéder au pouvoir au nom des exploités et opprimés, pour aller vers l'émancipation, ou si l'on veut au contraire exercer le pouvoir pour prendre sa part des privilèges et des bénéfices du parasitisme.
Dans le second cas, il s'agira de jouer des coudes et de faire valoir ses compétences dans le rôle, auprès des maîtres, les milliardaires. Puis, avec leur aide, de berner assez d'électeurs.
Nous nous intéressons naturellement au premier cas.
Les exploités, les opprimés n'ont pour eux que le nombre. Les ploutocrates ont aussi pour eux, grâce à l'argent, de nombreux obligés : journalistes de télévision, de radio, de périodiques, également des influenceurs actifs sur les réseaux sociaux. Ils s'en servent pour MENTIR, par action et par omission, à tous, chaque jour. et pour divertir, c'est à dire faire diversion. Leur appareil est très puissant. C'est d'abord par eux que pouvoir des ploutocrates tient. Ce n'est que secondairement que viennent la police et l'armée.
Contre eux, il faut que le combat pour accéder au pouvoir implique l'action consciente et intelligente d'un grand nombre de travailleurs, chaque jour.
Par "s'impliquer" je ne veux pas dire suivre docilement un grand tribun. Je veux dire, l'accès, pour chacun, au débat et au jugement de chaque prise de position.
Par exemple : *quelle devait être la position de la France durant la guerre en Syrie ?
*Quelle appréciation pouvait-on avoir sur l'intervention russe dans ce pays ?
*Quel lien peut-on déceler entre les conséquences de la guerre en Lybie, et l'intervention française au Mali ?
*Peut-on admettre une femme voilée comme secrétaire d'un syndicat ?
*Comment apprécier les avantages et les inconvénients de l'énergie nucléaire ?
L'implication vient après débat entre camarades, vote, elle est consciente et réfléchie de manière personnelle. On parle alors de militants.
Ce que je dis là signifie que pour accéder au pouvoir, les exploités doivent bâtir un parti. Un grand parti.
Pour un pays comme la France, je dis que le parti éco-socialiste démocratique doit avoir au moins deux cent mille adhérents militants, plus trois cent mille autres, sympathisants occasionnellement actifs.
Il doit avoir des cartes d'adhérents, des cotisations, des débats sur toutes les questions, il doit élire ses responsables et ces derniers élisent les dirigeants.
Il doit bâtir ses réseaux, ses journaux, ses moyens de communication en direction de toute la population.
Le temps des grands hommes est passé.
Trop de grands hommes ont trahi, les masses populaires en sont dégoûtées. La tête du parti ne doit pas être un homme, ni une femme, mais une équipe constituée d'hommes et de femmes dont on peut compter le nombre sur les doigts des deux mains.
La question de la vie démocratique du parti est de celles dont les partis que nous connaissons n'ont pas trouvé de solution. Certains partis comme le PS ont eu peu de débats, mais plutôt des manoeuvres de personnes.
D'autres, comme le PCF, avaient des débats dans lesquels il était impératif d'adopter sans aucune réserve la position de la direction, faute de quoi on était mis dehors, sous les insultes ou pire. C'est aussi l'expérience que j'ai eue dans l'OCI (trotskiste).
Il faut encore y travailler. Je crois que dans cette direction le point clef réside dans la notion de désaccord. Il faut, selon moi, avoir une culture du désaccord. Tous les désaccords ne signifient pas qu'il doive y avoir rupture. Sur les cinq questions que j'ai noté plus haut, les adhérents d'un grand parti eco-socialiste démocratique peuvent avoir entre eux des désaccords, sans rompre. La majorité prend une position, les militants en désaccord conservent leur opinion. Même dans l'équipe dirigeante il peut y avoir des désaccords, des nuances.
Le parti est un intellectuel et un acteur social collectif. Il prend position mais accepte la critique et les réserves.
Le Parti a pour but d'accéder au pouvoir. Il doit être clairement identifié dans le peuple.
Il doit gagner toutes les élections démocratiques. I
l doit être présent en soutien, au premier rang, dans tous les combats sociaux, toutes les luttes syndicales ou spontanées, toutes les grèves, toutes les manifestations.
Dans chaque cas, il ne recherche pas la position du maître, mais à clarifier le sens du combat, à en écarter les scories pour souligner ce qui correspond à l'intérêt du plus grand nombre, et ce qui va le plus loin dans la remise en cause du système.
Par exemple, dans le cas du mouvement des gilets jaunes, il est présent, il tisse des liens avec le mouvement syndical, il écarte les scories xénophobes, etc. De même pour le mouvement contre l'obligation vaccinale.