D'abord parce que E.E.L.V. l'a dit clairement et ceci suite à une décision de congrès. Manuel Bompard insiste, il ne comprend pas ! Pour lui, une décision de congrès c'est du pipi de chat... mais dans un parti sérieux et démocratique, cela ne se met pas si facilement à la poubelle.
Ensuite, s'il y a UNE élection dans laquelle l'unité n'est pas nécessaire, c'est l'élection au parlement européen, puisque c'est une élection à un tour et à la proportionnelle.
Sur le fond, il existe des désaccords bien connus entre le PCF et la FI d'un côté, EELV et le PS de l'autre. On peut se souvenir que le PCF et la partie du PS qui, en un sens, est l'ancêtre direct de la FI, via Jean-Luc Mélenchon et quelques autres, ont fait campagne pour le NON au traité européen en 2005, tandis que EELV et la majorité du PS ont fait campagne pour le OUI. Entre 2012 et disons, 2019, le Front de Gauche utilisait la formule "l'UE on la change ou on la quitte !". Formule tout à fait inacceptable pour le PS et "les Verts".
Certes, Mélenchon a mis beaucoup d'eau dans son vin pour la campagne des européennes de 2019. La formule péremptoire a disparu. De leurs côtés, EELV et ce qui reste du PS ont admis, lors de la formation de la NUPES qu'un gouvernement de gauche pouvait être amené à désobéir à Bruxelles : les points de vue se sont rapprochés. Ils restent cependant profondément différents comme en témoigne ces lignes qui figurent dans l'accord constitutif de la NUPES (650 mesures) à la fin, au paragraphe "points laissés à la sagesse de l'Assemblée" :
Europe Écologie-Les Verts et le Parti socialiste soutiendront le renforcement de la coopération militaire au niveau de l’Union européenne, la création d’un commandement militaire opérationnel européen, ainsi que l’intensification des livraisons d’armes à l’Ukraine et la mise en place d’un embargo total et immédiat sur les importations russes de pétrole, de charbon, de combustible nucléaire et de gaz.
Le PCF et la FI ne sont pas favorables au renforcement de la coopération militaire au niveau de l'U.E., ni à l'intensification des livraisons d'armes à l'Ukraine.
Pour toutes ces raisons, une liste commune serait à juste titre comprise comme un monument d'hypocrisie.
De plus, des listes de gauche concurrentes à ces élections ne mettent pas en danger l'existence de la NUPES. Marine Tondelier l'a clairement dit : elle est favorable à une candidature présidentielle unitaire, pas nécessairement issue de EELV.
Les élections suivantes, spécialement les municipales, sont une bien meilleure occasion de faire progresser l'union.
En insistant sans répit pour une liste unique aux européennes, Manuel Bompard sape en définitive la NUPES car il aggrave la signification de ce qui ne peut être qu'un échec. Il n'y aura PAS de liste unique.
S'il agit ainsi, c'est d'une part parce qu'il ne comprend pas les fondamentaux de la politique française, et d'autre part parce qu'il craint énormément de devoir conduire une campagne de la France Insoumise aux européennes. Tant qu'à rechercher l'union, le faire avec le PCF aurait plus de sens mais de ce côté, on peut compter sur la mauvaise volonté de Fabien Roussel...
La France Insoumise, pourtant, pourrait faire une bonne campagne aux européennes sur ses positions : contre la corruption, contre le lobbying, pour la réindustrialisation, pour une dose de protectionnisme, pour une politique écologique énergique et contraignante, ... pour la PAIX à l'EST de l'Europe.
La FI pourrait même user de cette campagne pour se construire comme mouvement bien organisé, démocratiquement (cartes d'adhérents, cotisations, statuts, congrès, contrôle financier, élection des dirigeants) ce qui mettrait fin à une situation choquante.
Jean-Luc Mélenchon peut, lui seul, donner le signal du passage de son mouvement à l'age adulte.