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Billet de blog 11 octobre 2020

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Brice de Nice et la guerre du COVID-19

Comment la chape de plomb de la propagande nous englue dans de faux débats et nous prive des vraies questions.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce graphique de l'INSEE qui compare les mortalités globales en France durant les années 2018, 2019 et 2020 porte un rude coup à la propagande du gouvernement justifiant une panoplie de mesures qui vont de vexatoires jusqu'à liberticides par l'hypothèse d'une continuation et d'une reprise de l'épidémie de COVID.

Illustration 1
Décès cumulés toutes causes 2018, 2019, 2020 (début février, fin septembre © Insee

On y voit clairement que notre pays a subi une cause de surmortalité, vraisemblablement l'épidémie virale dite "COVID 19", durant les mois de mars et avril, plus précisément entre le 10 mars et le 30 avril, et que par la suite, il n'y a aucune surmortalité en 2020.

La moyenne des décès journaliers toutes causes confondues varie entre 1600 et 1700 durant les cinq mois suivants : mai, juin, juillet, août et septembre.

Elle est absolument comparable pour ces trois années.

Plusieurs données doivent être précisées.

a) il serait raisonnable que la courbe jaune soit un peu au dessus de la courbe rouge, elle-même au dessus de la courbe bleue. En effet, d'une part la population française augmente et d'autre part, les tranches d'âge qui dépassent aujourd'hui 70 ans sont les plus nombreuses (naissances de l'après guerre). Donc tendanciellement, on meurt davantage chaque année (on nait aussi davantage). Ainsi, il y a eu environ 3500 décès supplémentaires entre 2018 et 2017, et un écart au moins du même ordre entre les deux années suivantes. b) Tous les ans, la courbe de mortalité remonte lentement à partir de début septembre, simplement du fait du refroidissement du climat qui touche les personnes vulnérables. Cette remontée se poursuit jusqu'en février. On voit d'ailleurs sur le graphique que les courbes descendent début mars. c) Pour ceux qui se demandent si la tendance que l'on constate ne change pas après le 21 septembre, voici les sept derniers chiffres de la mortalité attribuée au COVID : 32 ; 70 ; 65 ; 80 ; 77 ; 62 ; 54. Ces chiffres, dix, vingt ou trente fois inférieurs aux pires chiffres d'avril, n'indiquent pas d'augmentation des décès.

Naturellement, cela ne suffit pas à clore le débat. D'une part, on peut estimer que la seconde vague, si elle n'est pas encore là, va venir. C'est la posture "Brice de Nice".

Par ailleurs, on peut nous dire que si l'épidémie ne repart pas, c'est grâce au gouvernement. Les masques, décriés et jurés inopérants voire nuisibles en avril, désormais imposés à tous, nous sauveraient, ainsi que la fermeture des bars. C'est l'argument de "la poudre qui éloigne les rhinocéros de la campagne anglaise". Cette plaisanterie se poursuit avec la protestation "mais il n'y a pas de rhinocéros dans la campagne anglaise !" avec la conclusion irréfutable : "parce que cette poudre est efficace".

En arrière-plan de cette situation, bien des choses sont admises par tous, dans le camp de la gauche. Si le bilan de l'épidémie de mars et avril est si lourd (31 000 morts) c'est largement du fait de l'incurie du gouvernement : palinodies, fausses promesses, contradictions, polémiques absurdes, conseil théodule prétendu scientifique, etc. Mais la responsabilité des gouvernements précédents, ruinant l'hôpital public, supprimant des lits et des postes en masse, "rentabilisant" la santé, sans aucune politique de santé publique est tout aussi apparente. La situation chez nos voisins allemands montre à l'évidence ce que peut une gestion sanitaire responsable : trois fois moins de décès (alors que la population allemande est plus âgée que la population française).

Oui, la guerre.

Lorsque Emmanuel Macron a parlé de guerre contre le virus, on a pu à bon droit se gausser : avec un tel "chef de guerre" notre sort serait scellé. Ne serait-ce que parce que ce chef a continué de désarmer : il y a MOINS de lits d'hôpitaux et de postes de soignants aujourd'hui qu'en mars 2020 !  Pourtant, oui, il y a bien une guerre en cours, une guerre de propagande. 

En temps de guerre, la première urgence pour le gouvernement, c'est de tenir la presse et de censurer les objections : c'est bien ce qui se passe. C'est ce qui se passe quand des appels de plusieurs centaines de médecins et d'universitaires sont refusés par la grande presse, tandis que l'on donne la parole, chaque jour, à des bureaucrates serviles qui n'ont pas vu un patient depuis trente ans. C'est bien ce qui se passe quand la presse ânonne tous les jours sur les nouveaux "records" de personnes testées positives et sur l'expansion irrésistible de la seconde vague.

C'est bien une guerre, mais une guerre politique. L'aveu perce ici et là : Macron veut jouer sa réélection sur l'excellence de sa gestion de l'épidémie ! oui ! Cela peut sembler aberrant mais c'est ainsi ! L'épidémie a eu lieu en mars et en avril et la gestion du gouvernement a été pire que nulle. Il veut une seconde chance, d'où la seconde vague... Macron interdit, interdit, interdit. C'est une avalanche de mesures autoritaires. Une avalanche de mesures disproportionnées. La responsable des droits a tenté d'attirer l'attention sur ce point. Quelle presse lui a fait écho ? Presque aucune (j'ai lu sa déclaration dans "Informations Ouvrières"). La prolongation de l'état d'urgence sanitaire n'a aucun sens.

Le pire de la propagande c'est qu'elle écrase les bonnes questions sous les mensonges. Parmi les gesticulations du gouvernement il y a la multiplication des tests.

Mais il existe à ce sujet au moins deux questions à poser. 1) Y a-t-il des faux positifs ? Quel pourcentage ? Des médecins ont mis en doute le protocole utilisé, arguant qu'il était de nature à produire une beaucoup trop grande proportion de faux positifs. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Qui pose la question ? Qui connait la réponse ? Où sont les études ? 2) Une personne déclarée positive est-elle malade ? Est-elle contagieuse ? Est-ce qu'une personne qui a été malade et qui est guérie peut être ensuite testée positive ? 

Autre question : vu le très petit nombre de décès attribué aujourd'hui au COVID (moins de 80 par jour, alors qu'il y a 800 hôpitaux et 1600 décès par jour) comment détermine-t-on, et avec quel degré de certitude, si un malade de plus de 80 ans, insuffisant respiratoire, qui décède, décède du COVID ?

La question qui rassemble toutes les questions me paraît être la suivante : puisqu'il n'y a rien, dans la situation actuelle, qui justifie les mesures liberticides que prend le gouvernement, on ne sait pas ce qui pourrait décider le gouvernement à faire cesser cette sinistre comédie. Il y aura toujours, dans les semaines à venir, quelques dizaines de décès qui pourront être attribués au fantomatique COVID. Dès lors, jusqu'à quand allons nous accepter la servitude volontaire ?

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