Je suis un peu atterré des messages que je reçois de la part de mes amis de la FI, du PG, du POI...
"Nous avons rassemblé une force immense, elle est là". Me disent-ils.
Il y a deux illusions dans cette affirmation.
D'une part, tout le monde doit être bien conscient que les 22% se décomposent entre adhésion à Mélenchon pour ce qu'il est, pour ses idées telles qu'on les entend dans ses meetings, pour ce qu'on a lu de son programme, et le vote utile c'est à dire le vote pour écarter l'extrême-droite. 15% d'adhésion, 7% de vote utile ? Ou une autre décomposition ?
En tous cas, il n'y a pas de "vote utile" pour les législatives.
L'objectif d'obtenir une majorité de gauche aux législatives afin d'obliger Le Pen, ou Macron, à une cohabitation, est chimérique, tout le monde le sait. Donc notre "force immense" doit être ramenée à sa plus juste évaluation.
Ayant obtenu plus de 20% à la présidentielle, la FI devrait obtenir 20% des députés, soit plus de 100 ? J'espère qu'on en obtiendra autant qu'en 2017 : 15 ou 16.
Mélenchon sera-t-il réélu à Marseille, où il n'a pas mis les pieds pendant cinq ans, et dont il a boudé la nouvelle Mairie qui a chassé Gaudin ? Pas sûr.
J'entends que dans le 13 ème arrondissement de Paris, la FI ne veux pas soutenir Sandrine Rousseau : au motif qu'elle n'a pas soutenu Mélenchon ! Au moins c'est clair : nous sommes si puissants que nous n'avons besoin de personne.
J'ai déjà entendu cette musique !
J'entends qu'à Montpellier, c'est une foire d'empoigne et on attend la décision du petit cercle autour de Mélenchon pour "trancher".
Tout ceci annonce une première cuisante défaite.
"Nous avons rassemblé une force immense, elle est là".
Oui, elle est là. Mais à défaut d'organisation démocratique : cartes, cotisations, statuts, élection de délégués, congrès de fondation, cette "force immense" (il y a tout de même 300 000 inscrits sur la plateforme militante qui a soutenu Mélenchon) va faire comme celle de 2017 (qui était 50% plus large) elle va se disperser et à l'automne, il n'en restera rien, comme ce fut le cas à l'automne 2017.
Les braves animateurs de la FI répliquent : "Eh bien cette force elle a ressuscité en 2021 !"
Oui, assez pour rater de peu le premier round.
Pouvait-elle gagner le second tour ?
Pouvait-elle gagner les législatives ?
Pouvait-elle, surtout, soutenir efficacement un gouvernement cible de toutes les réactions nationales et internationales? Je ne le pense pas.
Nous avons raté le premier tour, de peu, mais avec un nombre de bulletins gonflé au double de notre force politique réelle, par la vertu du "vote utile". Et je parle de bulletins de votes, dispersés dans des urnes, une mouvance INORGANISEE.
La solution c'est la DEMOCRATIE, dans les deux cas. Pour les élections : Assemblée générale des militants PS, PCF, FI, Verts, de la circonscription, candidats, prise de parole, vote. L'élu aura l'étiquette "pole populaire" les autres non.
Pour organiser la "force immense" DEMOCRATIE. Rendre le pouvoir aux militants. Des débats, des votes. Des élections.
Oui, il y aura du bordel, des manoeuvres, des arrivistes ... c'est ce que l'on peut reprocher à la démocratie, également dans le pays.
Ce sont les arguments employés par tous les autocrates du monde à toutes les époques contre la démocratie. Par tous les ennemis de la République.
Churchill a dit ce qu'il fallait dire.
Si nous n'organisons pas démocratiquement nos partisans, l'extrême-droite les organisera derrière un chef pour nous détruire, et avec nous les syndicats.
Il faut que, parmi la vraie gauche, les partisans de la démocratie se rassemblent.