Ce billet est basé sur un texte publié sur Aplutsoc (en libre accès sur internet) en réponse à un texte de Robert Duguet sur le congrès du Parti Socialiste.
Ton billet, Robert, me fait penser à la tirade de Cyrano : «Ah non… C’est un peu court, jeune homme…».
Beaucoup d’approximations. La NUPES n’a pas été faite pour l’élection présidentielle, mais pour les législatives. Et elle a joué son rôle, plutôt positif.
L’idée d’une liste commune pour les européennes était, dès le départ, absurde. Il fallait la niaiserie politique de Manuel Bompard pour y croire.
1) c’est le domaine où les différences d’approche entre LFI, EELV, PS, sont les plus accusées et 2) ce sont des élections à la proportionnelle. Dans ces conditions qui veut disparaître ?
La NUPES ne sera pas tuée par la division à ces élections là.
J’étais hier soir à une réunion, convoquée par le PCF (du 04) et à la Tribune siégeaient des représentants de tous les partis (et « mouvement »-sic) de la NUPES, contre la contre réforme des retraites.
Idem, Mardi, parfaite unité autour de Ruffin de tous les dirigeants « de gauche ». La NUPES existe, contre la contre-réforme Macron.
Tu parles, à propos du PS, de « social-démocratie ». Je déteste l’emploi de ce mot dans un tel contexte. Je n’oublie pas que la social-démocratie de Engels, c’était un autre nom du socialisme, ou du communisme. Dans l’usage devenu courant, la « social-démocratie » c’est ce mouvement qui ne remet pas en cause le Capital mais lutte pour des « avantages sociaux ». De ces deux aspects, le premier a toujours été déterminant, et puis, Hollande, Vals et les autres n’ont même plus fait semblant de croire au second.
Mais le problème c’est que le PS ne peux pas survivre comme simple parti libéral bourgeois dévoué à l’UE. La politique de Hollande mène au score de Hidalgo.
D’où le sursaut d’Olivier Faure et son mouvement vers la NUPES, en deux semaines (et après que Bompard ait expliqué qu’il n’y aurait pas de discussion avec le PS–sacré Bompard, quel visionnaire !).
Or la situation du PS ne se résume pas au score de Hidalgo : voir son poids dans les municipalités (je crois que Hidalgo a eu plus de 2000 (3000 ?) signatures de maires, non ? tandis que Mélenchon a dû pleurer l’aide de Bayrou pour avoir ses 500), comme dans les régions.
La NUPES est, en soi, une stratégie correcte. Après, bien sûr, tout dépend de ce qu’on en fait. J’ai déploré que la FI ne vote pas la motion du PCF dénonçant l’apartheid israélien, pour ne pas froisser le PS… Bien sûr, de la part du PCF, c’était un piège. Mais ne pas voter était également tomber dans le piège, et de manière déshonorante.
Une clef de la présente situation, c’est ce que tu appelles « l’éclatement de la direction historique de la FI ». Mais je n’aurais pas utilisé ces mots. Rien n’éclate, parce que Bompard-Ruffin-Autain-Garrido et les autres, ça n’a jamais été une « direction », historique ou pas. Jusqu’à présent, la FI a été une troupe, active sur le terrain, dont la référence politique était Mélenchon.
Raquel Garrido a bien formulé les choses en expliquant que c’est un dispositif correct pour une campagne présidentielle, mais impraticable le reste du temps, d’autant que Mélenchon, excellent en campagne présidentielle, est comme la plume au vent le reste du temps : pas de principe, pas de stratégie.
JLM a donc ce mouvement à sa main… mais il perd les élections et de plus, se fait vieux.
Il fallait faire quelque chose pour que la FI existe, et subsiste entre deux présidentielles. L’inclusion dans la NUPES, constituée de partis traditionnels (avec des votes et des congrès) complique les choses. Les autres partis ont des structures... Mais Mélenchon ne veut pas que la FI l’entrave, lui échappe. Donc, à aucun prix des votes, des congrès, des débats politiques, des élections de dirigeants. Bompard, spécialiste du deep learning en IA (il s'y entend à manipuler des robots virtuels, mais les sujets humains sont plus casse-pieds...) a monté un dispositif compliqué pour tenter de noyer le poisson… dans le gaz… Une directive de Mélenchon (je le suppose) impliquait que toute personne ayant un quelconque poids politique soit tenue à l’écart. D’abord Ruffin, mais aussi les autres.
Cela ne pouvait que susciter des remous.
Bompard s’en fiche, parce qu’il se positionne comme dirigeant (élu par les gens qu’il a désignés pour le faire) d’un « grand mouvement de 300 000 membres » (déclaration sur BFM). Il croit s'appuyer sur la majorité silencieuse...
Ce grand mouvement (tout au plus 20 000 militants de terrain, ce qui n’est déjà pas si mal), certaines personnalités écartées ont mis en avant (peu-être en partie par démagogie) que ce serait bien, de temps en temps, de le consulter. Danièle Simonet, ancienne co-présidente du PG a dit précisément «Toutes les structures dirigeantes doivent être élues par les militants de base»…
Très bien… Et là dessus, parait dans « Le Monde » le texte d’un millier de jeunes de FI soulevant la question de ce qu’il faut faire de Quattenens. En gros, ils veulent qu’il soit exclu. Mais surtout, ils observent et soulignent qu’on ne les a pas consultés !
Par ailleurs (ce n’est pas encore tout à fait public) un texte circule signé par plus de cent vingt cadres de terrain, c’est à dire co-responsables de groupes d’action, candidats aux législatives, candidats écartés, etc. Ce texte a été rédigé avant le 10 décembre et le show de Bompard. Un certain N. le pilote, à partir du 92 et du 93, il couvre aujourd’hui 27 départements. Le texte soulève la question de la démocratie, et elle seule.
Là dessus, mardi dernier dans la salle Olympes de Gouges, à l’initiative de deux petits médias, Reporterre et Fakir, François Ruffin a réuni Fabien Roussel, Marine Tondelier, Boris Vallaud (responsable du groupe parlementaire PS), Mathilde Panot (responsable du groupe parlementaire FI) Léa Filoche, à la tribune, avec les autres « personnalités FI » dans la salle.
Ruffin ne pouvait pas mieux dire à Bompard à quel point il n’a nul besoin de son autorisation pour être un leader politique de tout premier plan.
Pendant ce temps, Mélenchon est en Guyane. S’il a un peu d’intelligence politique, il doit lâcher Bompard et se rabibocher avec Ruffin et les autres, puis s’éloigner dignement… Ou tenter de ressaisir la direction du mouvement ? Ou se taire ?
Un dernier point. Moi, je suis « à la base ». Et que vois-je ? Les militants suivent tout ça avec philosophie. Certains signent le texte de N., et passent aux affaires courantes : les questions de chauffage, la fermeture des urgences, la qualité des eaux… Ce sont des militants, ils militent. La FI, à sa base, n’est pas si fragile.
Pour en revenir au PS, j’espère que Faure sera réélu, c’est la moins mauvaise issue. Et que les autres se retrouveront au parti radical … de gauche 😉 !
Dernière minute : depuis la Guyane, Jean-Luc Mélenchon se déclare neutre dans l'affrontement entre Bompard et tous les autres : «Qu'ils se débrouillent !». Il précise ne pas être candidat à sa propre succession (ce qui ne veut pas dire grand chose : sa succession est-elle, dans son esprit, ouverte ?). Il ignore sans doute que la crise actuelle (qu'il qualifie de “crise de croissance” --et pourquoi pas ? , oui) concerne aussi la base, les militants.
Mais il prend position sur le fond : «Il ne faut pas que tout cela nous conduise à faire un parti avec ses éléphants, ses courants et ses sou-courants»
Sérieux ? Bompard, Ruffin, Corbière, Garrido, Simonet, ce ne sont pas des "Éléphants", des "courants" ? Quelle est la différence ?
Mélenchon ajoute : « Ne faisons pas un pauvre petit parti socialiste ! » Vraiment ? Le programme LAEC est-il propre à un “pauvre petit parti socialiste ?”
Assez de ce sabre de bois ! Ce mot "parti" est censé faire peur... Démocratie dans le mouvement c'est : adhérents, votes, statuts, assemblée de représentants élus, élections des dirigeants.
Le reste : tirage au sort, consensus, ... est un conte pour enfants. Tu as essayé : le résultat est là.