Macron temporise, le Président attend... Et pourquoi ? Il a devant lui une tâche : appeler un homme, ou une femme, au poste de premier ministre afin que celle, ou celui-ci compose un gouvernement et fasse voter le budget 2025, au plus tard d'ici cinq semaines, sans compter d'éventuelles (et même probables) remontrances des bureaucrates de l'Union Européenne.
Il faut donc se dépêcher, il y a urgence ! Mais voilà : qui appeler ? Lucie Castets ? Cazeneuve ? Xavier Bertrand ? Un(e) autre ?
Chaque choix présente de graves inconvénients.
Bien sûr, aussitôt nommée, Lucie Castets rencontrerait de graves difficultés. Tout d'abord, sans doute, son gouvernement inclurait des ministres LFI, il serait déshonorant de se plier à l'oukase des uns et des autres. Et donc "les autres" lui promettraient la censure. En outre, le NFP ne parviendrait pas à faire voter un budget compatible avec les exigences de Bruxelles. Donc, le gouvernement du NFP ne ferait pas long feu. Oui, mais qui sait si, tout en échouant, Castets et son gouvernement ne s'assureraient pas la sympathie des électeurs ? Qui sait si, durant son bref exercice, elle ne prendrait pas par décret des mesures attendues du plus grand nombre ? Qui sait si elle ne parviendrait pas à faire voter l'abrogation de la loi sur les retraites ?
Un gouvernement Cazeneuve n'aurait d'intérêt que s'il recevait l'appui d'une partie conséquente des députés PS, EELV, PCF. Il n'y a pas de signes, aujourd'hui, qu'une telle éventualité soit probable.
Alors un gouvernement Bertrand, qui, lui, prendrait les "bonnes mesures" et présenterait un budget d'austérité en accord avec les impératifs "européens". Mais il ne pourrait subsister qu'avec l'appui, ou au moins l'abstention des députés du RN... C'est peut-être pour Macron la moins mauvaise solution dans l'immédiat, mais elle serait très impopulaire. Et alors direz-vous ? Reste que ce gouvernement serait dans les mains du RN. Le RN a-t-il intérêt à servir de marchepied à la bande Macron-Bertand ? Pas sûr... Il prendrait totalement le risque de partager le discrédit de la bande...
Tout ceci est bien compliqué. Trop de paramètres à gérer. L'agence McKinsey se tait, évalue, envoie la facture... Alexis Kohler voudrait partir en RTT...
Comme Macron se voit en Alexandre tranchant le noeud gordien, il est tenté par un autre salto arrière dans la piscine : démissionner : élection présidentielle !
Mais y a-t-il de l'eau dans la piscine ?