Der Mensch liegt in größter Not!
Der Mensch liegt in größter Pein!
chante la contralto au début du quatrième mouvement de la symphonie "Résurrection" de Gustave Mahler.
C'est à dire : "l'humanité se trouve dans la plus grande misère, la plus grande souffrance"
Il serait plutôt indécent de substituer à "l'humanité", un trivial "la gauche politique française" ! Mais on saisit l'idée : ça va vachement mal.
À force de regarder des séries danoises comme "Borgen" on en vient à croire que les hommes et femmes politiques agissent intelligemment, en particulier parce qu'il bénéficient des conseils avisés de "spin doctor" astucieux.
Probablement, ce n'est pas le cas en France, sans doute parce que le petit français de base est certain d'être plus malin que n'importe quel stratège professionnel.
Imagine-t-on Mélenchon demander conseil ? Entendons-nous. En octobre 2020, il a demandé l'avis de "ses proches". Ceux qui ont fait la moue sont ipso facto devenus "ses lointains". Imagine-t-on Jadot demander conseil ? Olivier Faure (au PS, des conseillers il doit y en avoir pléthore) ? Roussel (il a demandé à Chassaigne, qui lui a dit "ARGHH !").
Faute de bons "spin doctor", les responsables des partis de gauche se sont fichus dans des nasses. Une nasse, je le rappelle, est ce piège dans lequel on entre facilement, mais comme on ne peut pas se retourner ni faire marche arrière, on ne peut pas en sortir.
Historique de la division.
Voyons comment cela s'est passé. En octobre 2020, Mélenchon a mal lu son calendrier, qui était resté figé à la date de mai 2017. Toutes les bêtises qu'il a faites depuis cette date lui étaient complètement sorties de l'esprit. Il était à 19.5% d'intentions de vote, un excellent niveau de départ ! Ou bien le 6% des européennes et les 1% des municipales ? Mais non ! Cela n'a RIEN à voir.
En réalité, il lui arrivait en 2017 et 2020 d'avoir un éclair de lucidité, mais il en venait à bout avec ce raisonnement "De toutes façons, "ILS" seront bien obligés de voter pour moi, il n'y a rien d'autre".
Au PCF, l'ambiance était violemment grognonne : "On lui a filé le fric, les militants, les signatures en 2012 et en 2017, pour quels remerciements ? T'as vu le SMS qu'il a expédié à Pierre ?" Et voilà le pauvre Fabien parti pour passer sous le record de MG Buffet...
Chez les Verts, on a fait la primaire. Candidat, un Jadot et trois inconnu(e)s. Jadot a vaincu sans gloire, la bonne candidate, Rousseau, n'avait pas le réseau médiatique nécessaire.
La situation au PS était (et reste) complexe. Une partie non négligeable des électeurs du PS (les trois quart) en 2017, se sont égarés, les uns chez Mélenchon, d'autres chez Macron (avec quelques responsables). On a vu aux régionales qu'ils pouvaient revenir. Mais l'image du PS, après Hollande, n'est guère "de gauche". Macron est en somme un jeune et dynamique continuateur du hollandisme. Mais il ne semble pas désireux d'embaucher les "socialistes". Après avoir mûrement réfléchi, Olivier Faure a décidé (été 2019) que si, quand même, le PS a sa table à gauche.
Et il a déclaré vouloir une large union, y compris avec Mélenchon et la FI. Juste après, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté, JLM a multiplié les déclarations catégoriques : pas de discussion, car c'est impossible, pas de concertation car je suis là où je suis, avec ma carrière et ma gloire, et le peuple tranchera.
Penaud, Faure a dû laisser la main à ceux de son parti que l'idée d'un accord avec le fougueux tribun avait traumatisé. On cherche un(e) candidat(e), il n'y a pas grand chose. Ah, si ! La Maire de Paris, ce n'est pas rien. Hidalgo, qui se connaît, tente de refuser. Taratata ! Faut y aller.
Quelles stratégies ?
On murmure, ici et là, que les uns, ni les autres, à gauche, ne veulent aller au pouvoir. Mais c'est faux. Les places sont bonnes, cela ne se refuse pas. Aucun parti ne refuse le pouvoir. Au pouvoir on existe, on se renforce. Loin du pouvoir, si on est dans une puissante opposition, ça va, on se prépare à l'alternance. Mais vu ce qui s'annonce, il n'y aura pour la gauche ni pouvoir, ni puissante opposition. Dans ces conditions "on" peut disparaître.
La stratégie du PS, pour ce que j'en devine, c'est de survivre. La présidentielle sera une catastrophe et pour les législatives il faudra se mettre en position de limiter les dégâts. L'atout du PS c'est qu'il a encore une implantation locale.
La stratégie de Fabien Roussel, c'est, stupidement, d'exister et de ne pas faire pire que Buffet. Je dis Roussel parce que le PCF comme tel n'a pas de stratégie. Le PCF a une implantation locale et des militants. Peu et de moins en moins, mais ça peut durer.
EELV a pour stratégie de participer au pouvoir et de s'attaquer aux urgences climatiques et environnementales. Avec quels moyens ? Ce n'est pas précisé. Comme l'a expliqué Jadot, il y a des verts à des postes ministériels dans de nombreux pays d'Europe. Certes, le respect scrupuleux des "lois du marché" limite leur action qui, du coup, se situe entre presque rien, et pas grand chose. Et Jadot dit : pourquoi pas moi ? Pourquoi Macron ne me prendrait-il pas comme ministre ? En effet, c'est possible, en remplacement de Pompili. Mais on s'en fiche. Sandrine Rousseau était plus ambitieuse, mais elle n'avait pas les bons réseaux.
Et Mélenchon ? Et la FI ? Ici, mon entreprise de déchiffrement rencontre de grosses difficultés. Car s'il est tout à fait clair, vu de l'extérieur, que Mélenchon va se planter à la présidentielle, ses partisans sont absolument capables, avec une sorte d'extra-lucidité dopée par l'enthousiasme, de croire le contraire : le peuple va trancher en leur faveur. Il y aura un miracle. Soyons justes : certains voient bien que les carottes sont cuites. Ils disent, ceux-là : Oui, on ne va pas gagner, mais on trace un sillon qui prépare "les jours heureux". Keep dreaming.
Déchirer la nasse ?
Il y a des gens, à la FI (ou parmi les partisans), au PS, au PCF, à EELV que la défaite, la monumentale baffe qui se prépare, ne fait pas rire. Sans parler des électeurs que la division fait carrément gerber.
Le "spin doctor" que je fantasme d'être voit bien ce qu'il faudrait faire. Renverser la maxime attribuée à Guy Mollet : au premier tour on choisit, au second, on élimine.
Au premier tour on élimine Taubira, Hidalgo, Jadot, Roussel, Poutou, Arthaud.
Garder Mélenchon. Quoi ? Soutenir le diviseur, céder à son chantage : "Moi, ou Rien" ? Oui. C'est ce que, selon moi, doivent faire les personnages intelligents de la gauche, du PS, des Verts, du PCF.
Non pas soutenir l'homme en rejoignant "le parlement de l'union populaire" (quel nom pompeux pour un fan club !) et le mirifique programme LAEC, mais constituer un groupe de pragmatiques, indépendants,
mettre en avant les dix mesures sur lesquelles tout le monde s'accorde
et convenir de glisser dans l'urne le bulletin Mélenchon.
Ce serait, de la part de responsables du PS, des Verts (Il devrait être assez facile de convaincre Sandrine Rousseau que la "loyauté" au gagnant d'une primaire est un concept véreux) et du P.C.F. une manœuvre hardie.. aurait dit Bonaparte.
Ont-ils les tripes convenables pour oser ? Je ne le parierais pas...
Et au second tour ?
Les sondages donnent Macron vainqueur dans tous les cas de figure. Mais là, il peut y avoir une surprise. Notre président, c'est son petit côté voyou, a gracieusement déclaré avoir "très envie" d'emmerder quelques millions de français. Selon ce que j'entends, beaucoup de ceux-là, et quelques millions d'autres, ont déjà TRÈS ENVIE, au second tour, de voter pour le candidat, ou la candidate qui lui sera opposé(e), quel qu'il ou elle soit. Je vois bien, à cette occasion, le "plafond de verre" anti Marine Le Pen exploser.
Boycott
Une autre manifestation possible de la rage des électeurs populaires va se matérialiser dans l'abstention. Certains font campagne pour le boycott, ou "abstention active". C'est aussi une possibilité. Si la participation est très faible, le quinquennat sera animé.
Bref, nous allons vers des temps intéressants.