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Billet de blog 21 mars 2023

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Le RIP

Une occasion qui ne sera pas saisie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout le monde sait que la procédure du Référendum d'Initiative Populaire est extrêmement difficile à réaliser puisqu'il faudrait obtenir de près de cinq millions de citoyens qu'ils s'inscrivent sur un site dédié -- ce n'est pas aussi facile que de griffonner son nom au bas d'un papier sur un marché--, après quoi rien n'oblige le Président à lancer le référendum.

Sans parler des obstacles en amont : proposition faite par tel nombre de députés, conformité suspendue à l'accord du Conseil Constitutionnel --qui a déjà prouvé sa servilité devant le Pouvoir-- et sans doute j'en oublie.

Mais cette difficulté même pourrait constituer une fantastique opportunité, en donnant aux quelques milliers de militants actuellement existant sur le terrain : trois dizaines de militants de différentes variantes de socialistes (ceux qui suivent Faure, mais ceux qui suivent Filoche, et d'autres), trois milliers de militants écolos, des survivants du NPA et d'autres groupuscules, comme le "Parti de Gauche", huit à dix mille militants du PCF et autant de la France Insoumise... en donnant donc à ces, disons, à la louche, vingt cinq mille militants courageux l'opportunité de visiter, rencontrer, de parler avec des centaines de milliers, des millions de françaises et de français pour leur proposer d'agir -- à propos d'une question sur laquelle on sait qu'ils sont a priori d'accord : non à la contre-réforme des retraites.

Un travail de titan, qui, de surcroît, peut difficilement se terminer par un succès, est-ce que cela vaut la peine d'y passer des centaines d'heures de temps ?

Peut-être si cet effort prépare et change l'avenir, en construisant la force qui, demain, l'emportera.

C'est possible si, en parlant avec ces millions de citoyens on est capable de leur dire : "Rejoignez-nous, réunissez-vous, combattez avec nous", parce que dans ce cas, le mouvement militant (composite, appelons-le comme ça, ou bien d'une NUPES à constituer) entre dans la campagne à 25 000 et en ressort dix fois plus fort, et qui sait ? Des assemblées populaires, des réunions de quartier, un réseau d'entraides et de combats.

Mais il n'est pas possible aujourd'hui, de dire aux gens "Adhérez au PCF... adhérez au PS...adhérez à EELV...adhérez à la NUPES" et par dessus tout, il n'est tout simplement pas possible d'adhérer à la France Insoumise, ce n'est pas prévu, il n'y a pas d'adhésions.

Or, le PCF et le PS sont de vieilles rosses incapables de susciter de grands espoirs. EELV est un mouvement qui, du point de vue du peuple, concerne des couches petites bourgeoises aisées.

Il y a eu, dans les quarante dernières années en France, un évènement politique et un seul, un espoir et un seul : le mouvement populaire qu'a suscité Jean-Luc Mélenchon au cours de ses trois formidables campagnes électorales présidentielles.

Le SEUL mouvement qui pourrait se construire et devenir massif (deux cent, trois cent mille militants) parce qu'il n'est pas plombé par un lourd passé, c'est la France Insoumise.

Mais Jean-Luc Mélenchon est un politicien, pas un combattant pour l'émancipation du Travail. Il a pensé, et pense encore, parvenir à ses fins SANS le soutien d'un puissant mouvement militant, seulement par son éloquence présidentielle et par des manœuvres politiciennes.

C'est pourquoi on n’adhère pas à la France Insoumise, la FI est et doit rester un groupuscule qui, entre les campagnes présidentielles, est peu actif et très peu "organisé".

La FI c'est Mélenchon. C'est aussi le combat valeureux de 71 députés honnêtes qui font de leur mieux, mais restent évidemment impuissants pour freiner la politique macronienne au service des milliardaires.

Des députés agissent sur leur terrain, l'Assemblée Nationale. Et dans la cinquième République, l'Assemblée Nationale est serve, c'est ainsi.

Sur le terrain, là où vivent cinquante millions de citoyens français, on note dans les recoins de la FI quelques jeunes apprentis bureaucrates qui rêvent à des carrières, et enfin quelques poignées de militants honnêtes, dévoués, mais désarmés.

Ces derniers aspirent, explicitement, à un mouvement organisé démocratiquement, mais ils ont bien peu de moyens d'y parvenir, de même que les "figures du mouvement" les Ruffin, Garrido, Coquerel, Autain, Simonnet, et autres qui pour survivre politiquement ne peuvent compter que sur leurs influences médiatiques, forcément tenues en laisse.

Voilà pourquoi, la phrase de Faulkner s'applique à la perspective du RIP : «On ne gagne jamais les batailles. On ne les livre même pas» (“Le bruit et la fureur”).

Nous allons droit vers le pire.

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