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Billet de blog 23 juillet 2022

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Assez de rodomontades !

Sommes-nous de retour à l'automne 2017 ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon l'AFP,

PARIS, 21 juil 2022 (AFP) - Jean-Luc Mélenchon, qui prévoit une "grande marche contre la vie chère" à la rentrée, possiblement en octobre, veut en faire l'occasion pour la Nupes de "rassembler un front social uni dans l'action", qu'il souhaite voir durer "pour peser plus lourd encore que les gilets jaunes", explique-t-il jeudi dans son blog.

Après le second tour des élections législatives, au terme desquelles la NUPES a obtenu 151 députés, soit plus que le Rassemblement National (89) mais moins que le parti de Macron, Renaissance (163), et que sa coalition (240), notre Jean-Luc Mélenchon s'est répandu en propos hasardeux.

Tout d'abord, il a présenté cette défaite ... comme une victoire. Ce n'en est pas une. Certes, son mouvement, la France Insoumise, est passé de 17 députés à 75, remarquable progression. C'est un succès. Le parti du président n'a pas la majorité absolue, situation remarquable. Mais il est politiquement proche de la droite classique : l'a-t-on assez répété ? Macron est le président des riches, son agenda est celui de la droite libérale et de l'Union Européenne. Et la droite classique, avec ses 62 députés, lui donnera la majorité absolue chaque fois que ce sera nécessaire.

Le RN est dans une situation plus difficile : il doit prouver aux grands oligarques du monde des affaires son "sérieux" mais s'efforce de garder son atout : un certain écho dans les masses populaires, par le moyen fragile d'une démagogie xénophobe, voire raciste. Le RN apportera son soutien au gouvernement--un soutien à vrai dire superflu-- quand il le jugera bon.

Nous avons donc perdu les batailles des élections. Perdu la présidentielle : l'unité, longtemps déclarée impossible par Mélenchon, est venue trop tard. Et perdu les législatives pour la même raison.

Notre grand tribun s'est alors précipité : "que la NUPES constitue un seul groupe !" Hier il ridiculisait les partisans de l'union "on est en désaccord sur tout ... mais c'est pas grave...". Aujourd'hui, il veut une complète fusion. Bien sûr, sans en parler à ses partenaires.

Qui lui opposent des refus secs. La NUPES ne sera pas un groupe unique.

Puis il décide tout seul que la NUPES présentera une motion de censure. Ses partenaires (oui, ils existent) suggèrent que l'on en discute ! Finalement, cela sera une motion "de défiance" sur la suggestion du PS.

Entendons-nous bien : je ne dis pas que "motion de défiance" est mieux que "motion de censure", ou moins bien. Je dis que s'il y a union, il doit y avoir discussion préalable et discrète entre alliés !

Là-dessus Mélenchon repart, non comme en 14, mais comme en (20)17 : grande marche manifestation, contre la vie chère. On sait ce qu'il en advint à l'époque : flop ! Rien.

En 2022, il se fait aussitôt renvoyer dans les cordes par Philippe Martinez qui, le 11 juillet, lui déclare que les syndicats existent et qu'il faut en tenir compte, voire peut-être se parler, au préalable et discrètement...

Comme en 2017, Mélenchon se voit en leader incontesté de la classe ouvrière. En réalité, pas du tout.

Et maintenant, selon l'AFP, il nous annonce qu'il va faire mieux que les Gilets Jaunes...

Dans le même billet de blog il explique que le parlement étant bloqué, nous allons vers de nouvelles élections législatives. Je ne le pense pas le moins du monde. Le parlement n'est pas bloqué : l'alliance macronienne avec le Modem et Horizons, plus LR fait une bonne et solide majorité de droite. Rien ne laisse présager de nouvelles élections.

Tout le monde sait --en tous les cas moi je sais-- que Mélenchon est sincèrement du côté du peuple travailleur et qu'il croit œuvrer en sa faveur.

Mais en réalité, son activité brouillonne et toujours exclusivement personnelle dessert la cause des travailleurs.

Nous avons besoin de gens qui savent discuter, débattre, nous avons besoin de concertation entre alliés, de respect mutuel, nous avons besoin de démocratie. Tant que la FI fonctionnera comme une secte évangélique, elle ne s'approchera pas d'une victoire réelle : son accès aux affaires, qui est pourtant une urgente nécessité sociale, écologique et démocratique.

Seule une FI démocratique, avec des adhésions des statuts, des débats, des votes, des élections de responsables à tous les niveaux, peut rassembler des centaines de milliers de citoyens et s'implanter en profondeur dans la population.

Assez de rodomontades, démocratie !

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