La proclamation des militaires dans "Valeurs Actuelles", que l'on peut retrouver sur internet, s'inscrit dans un contexte dont la signification la plus évidente est que Macron et ses gouvernements ont perdu la confiance de l'oligarchie.
Dès avant la crise sanitaire, le mouvement "des gilets jaunes" mettait en évidence dans une certaine mesure l'isolement des hautes classes bourgeoises. Autre mauvais signe : la violente répression, sans précédents depuis presque un siècle, n'a pas pu réduire notablement les vagues de protestations. Enfin, il y a eu des cas assez nombreux de rapprochements entre "gilets jaunes" et syndicalistes ouvriers.
Dans la crise sanitaire, le gouvernement s'est immensément ridiculisé par ses prises de position successives contradictoires et ses interdits inappropriés, la mise en pleine lumière de la ruine de la recherche française et celle du secteur hospitalier.
Les contre-réformes qui faisaient partie du plan de marche imposé à Macron par ses donneurs d'ordre sont, aux yeux de ces derniers, très en retard et la haute bourgeoisie doute qu'en cette année électorale, ils puissent avancer beaucoup (en particulier la contre réforme des retraites, qui constitue pour l'oligarchie un énorme enjeu financier).
La proclamation des militaires (certes, en retraite, mais qui parlent avec assurance de "nos camarades de l'active"), c'est, je crois, l'avance d'un pion dans un jeu d'échecs, un essai, un prélude. Il y a eu des déclarations et des mouvements militaires comparables au Chili avant le coup d'Etat de Pinochet.
Cela laisse ouvertes plusieurs possibilités. Que Macron prenne des mesures outrées qui susciteraient un soulèvement social réprimé par un coup d'état militaire. Ou bien, s'il n'en est pas capable, que l'on aille à la présidentielle, que Le Pen soit élue et s'appuie ouvertement sur l'armée.
Nous sommes dans une période qui, à certains égards, peut-être rapprochée de celle des années trente (1930). La comédie démocratique tourne à la farce.
Face à cela, le mouvement ouvrier et démocratique (par cette conjonction je pense au salariat, à l'artisanat, à la petite paysannerie), qui est potentiellement le champ politique de "la gauche" est absurdement divisé.
Nos ennemis voient mieux que nous la situation, telle qu'elle s'est révélée ... aux élections municipales.
La formation d'un large front de la "démocratie" (au sens proposé ci-dessus) comprenant les syndicats, des associations, le PCF, la FI, EELV et des lambeaux du PS, est à portée de main autour des trois urgences "sociale, écologique, démocratique", large front appuyé sur des Assemblées Populaires.
C'est le combat à mener, sans perdre une minute.