Lorsque Emmanuel Macron, président de la République Française, a annoncé la dissolution de l'Assemblée Nationale, il a probablement (on n'est sûr de rien) pensé que la gauche éparpillée serait absente du débat et que la campagne électorale éclair mettrait aux prises les deux partis des actionnaires, le sien et le Rassemblement National.
Mais ce même jour, François Ruffin a lancé le mot d'ordre impératif de "Front Populaire !" et sur je ne sais quelle radio ou télé, Fabien Roussel a embrayé : Front Populaire, aussitôt suivi par Marine Tondelier. Bientôt (le temps de consulter qui l'on sait), Manuel Bompard se joignait au concert et il devenait clair que le Président s'était fichu dans une m... auvaise position.
Il est apparu que ce ne serait pas la gauche, mais son mouvement que la joute laissait à l'écart.
Cependant la gauche est divisée. Elle l'est profondément, par exemple, sur la question du nucléaire. La FI et EELV sont pour "en sortir", mais ni le PS, ni le PCF. Aussi sur l'Ukraine : le PS et EELV sont pour livrer massivement des armes, le PCF et la FI sont davantage en faveur d'efforts de Paix. Les débats télévisés mettent ces oppositions en vue et bien sûr l'électorat en est défavorablement impressionné.
D'un autre côté il y a la hausse du SMIC et des minima sociaux, le blocage des prix des produits de première nécessité, la taxation des riches et des super riches, la régénération de l’Hôpital Public, celle de l’École publique, l'effort sur les mobilités par train, le protectionnisme intelligent, les plans de réindustrialisation, etc. Un programme crédible et enthousiasmant.
D'autre part, un bon nombre de militants, proches de la FI, ont été sidérés, stupéfiés par l'éviction brutale des figures du mouvement : Corbière, Garrido, Simonnet, Davi. Ce sordide règlement de comptes dirigé contre ceux qui réclament, depuis de longs mois, de la démocratie dans le mouvement, leur a coupé les jambes. Pire encore, la ruée de personnages que l'on ose à peine qualifier, pour cracher sur leurs anciens camarades et déverser, sur commande, des tombereaux de calomnies... Incontestablement, cette bassesse avantage l'adversaire.
Les sondages donnent le RN en tête, assez largement si on y ajoute les ralliés ciottistes. Puis le NFP et, à bonne distance, le camp du président. Il subsiste. Tout reste possible, car les sondages ne sont pas infaillibles et surtout, le comportement des électeurs au second tour sera décisif.
Le président du RN, Jordan Bardella passe de micro en micro, il est candidat au poste de premier ministre. Ceci donne un aspect spécial à chaque élection législative, dans chaque circonscription. Il y a l'élection locale, mais en même temps le choix du premier ministre. Qui serait le premier ministre si le parti du président était en tête ? Question sans doute secondaire, tant cette hypothèse parait peu vraisemblable.
Mais la même question est fondamentale pour la gauche, spécialement à partir de dimanche 30 juin. Qui sera premier ministre si le NPF obtient une majorité, absolue ou relative ?
On a vu que l'hypothèse Mélenchon premier ministre divise fortement. Il est, à gauche, autant admiré, aimé, que détesté. Un candidat bien meilleur serait Ruffin, beaucoup plus populaire tant à gauche qu'au centre gauche. Mais le règlement de comptes opéré par Mélenchon contre les figures du mouvement, même s'il n'a pas formellement ciblé Ruffin, l'a obligé à se positionner du côté des "purgés" (c'était calculé pour...) si bien que maintenant, Ruffin est haï par une part des militants FI.
On ne voit pas de figure du PS, du PCF ou de EELV qui fasse l'affaire, compte tenu du passé récent. Moi j'aime bien Marine Tondelier mais...
Dans la FI, Mélenchon propose Bompard dont on me dit qu'il a été "bon" dans le débat télévisé (l'Obs précisant qu'il a été surtout meilleur que les deux autres, qui étaient très mauvais...).
Mais Bompard, qui pour tout le monde n'est que le porte-flingue de Mélenchon, serait-il accepté par le PCF, le PS et EELV ? Ce n'est pas sûr.
Selon moi, le candidat idéal serait a) une personnalité de la société civile, indépendante des partis, mais clairement engagée à gauche.
b) aux compétences reconnues, spécialement en économie, c) jeune, d) une femme.
C'est le portrait de Julia Cagé.
Cette normalienne qui a tout juste quarante ans est une économiste de classe internationale. Elle a soutenu, en 2012, François Hollande et, en 2017, Benoît Hamon. Actuellement elle est pleinement engagée dans la campagne du Front Populaire. Je l'ai entendue mercredi à Marseille lors du "Mee-Ting Mi-Teuf" place Léon Blum et j'ai découvert une formidable oratrice présentant de manière enthousiaste et frappante, sans notes, en vingt minutes les raisons de voter NFP.
Certes, Julia Cagé n'est pas connue en politique, mais Bardella sort de nul part et Attal également.
Le nom et le leadership pour cette semaine, de Julia Cagé permettrait de s'élever au dessus des débats toxiques qu'autrement nous risquons de connaître et qui nous condamneraient à la défaite.