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Billet de blog 1 novembre 2023

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JOHN MILL ET SES VOISINS

Le 3 novembre sort en librairie mon nouvel ouvrage "John Mill et ses voisins" sous titré "Des gens, des arbres et du goudron". Régulièrement, j'en publierai des extraits dont voici le premier: le début du livre...

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  1. Une rue de Paris…

La première fois que John Mill vit la rue GG, il la trouva franchement laide. Toute ressemblance avec les sentiments d’Aurélien pour Bérénice sous la plume d’Aragon ne pourrait être que fortuite, en dehors du fait que dans les deux cas, c’est à Paris que ça se passe. Car cette passion qui avec le temps s’installa entre eux n’est pas sans ressembler à celle qui peu à peu naquit en John Mill pour la rue GG, le conduisant à y passer seize années de sa vie. Comment cette histoire est-elle née ? Quelle est donc cette rue GG ?

Comme tout le monde, John Mill pensait qu’une rue c’est une chaussée pour rouler ou garer sa voiture, les trottoirs étant là pour placer les poubelles voire même pour glisser sur une crotte de chien. Pratiquant la rue GG, une rue de Paris qui aurait pu être banale s’il n’y avait habité, il découvrit alors les quelques centimètres seulement disponibles entre autos et immeubles, bien sûr insuffisants pour que l’on puisse y marcher. Et devant leurs échoppes, évitant certaines portes qui avaient dû être cochères, des coiffeurs africains étaient assis là, attendant le client. Un exploit de l’usage malin du peu d’espace libéré quand sa dimension même empêche que l’on s’y croise. John apprit à marcher au milieu de la chaussée, à résister goulûment à la pression des autos pressées d’aller plus vite pour s’arrêter là-bas, au prochain carrefour, quelque dix mètres plus loin (la rue ne mesure guère plus que cinquante mètres). Il vit avec bienveillance, et puis un peu d’angoisse, les enfants zigzaguer entre capots et pare-chocs pour se rendre à l’école, chemin le plus direct s’il n’est le plus paisible...

Illustration 1
La rue GG avant © Jean-Pierre Charbonneau

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