La DREIF s’est prononcé pour une ZPPAUP sur le PNRQAD, à la condition qu’elle tienne compte de la ZNIEFF et du PRI. A l’origine était le langage !
La compréhension par d’autres que les professionnels de l’urbain relève de l’apprentissage d’une langue étrangère. Sommes-nous si éloignés de ce que nous fustigeons dans le milieu médical par exemple ? N’y a-t-il pas, comme avec certains jeunes des cités, une mise à distance de l’autre par le langage, ou la création de codes qui composent un milieu, avec ses signes de reconnaissance ?

L’urbanisme est au cœur des politiques publiques territoriales. Il n’est pas de ville ou de communauté qui n’affiche et ne conduise une réflexion et des actions dans ce domaine. Il fait appel à de nombreux acteurs, initiés ou non, et s’appuie par nature sur des partenariats complexes, qui ne peuvent fonctionner si le sens de ce qui est dit n’est pas compris de tous. Comment discuter ensembles d’orientations proposées si nous ne partageons pas la signification des mots ?
Il n’est pas de programme politique qui ne mette la personne, le citoyen, l’homme au centre des préoccupations. Au-delà des discours, le chemin vers la traduction dans les faits de ce vœu parfois pieu est jalonné de projets, de débats, de décisions qui permettront ou non d’atteindre le but. La concertation doit être mobilisée, élément de l’activité démocratique locale autant que levier pour ancrer les projets dans le réel. Or pour échanger il faut posséder un langage commun. N’y participe évidemment pas l’usage quotidien que nous autres, acteurs de l’urbain, faisons de signes mystérieux pour toute personne étrangère à notre milieu. Nous devons et c’est une part de notre responsabilité professionnelle, faire l’effort de rendre lisible, compréhensible, de traduire des sujets complexes de manière simple, de donner à voir, d’informer pour que l’échange soit réel, fructueux, pour que le parcours que constitue un projet urbain soit entraînant plutôt qu’il ne mette sur la touche.
Que dire alors de l’usage de lieux communs ? Ils ne sont parfois que l’expression d’un manque de réflexion doublée d’une tentative de mystification de l’interlocuteur? Faut-il vraiment marquer un lieu ? Un territoire n’est pas fait que d’exploits, d’exceptionnalité. Les entrées de ville sont une constante du discours urbain. On y met du savoir, de l’argent. Or leur situation géographique et leur aspect changent vite au gré du temps. Ne vaut-il pas mieux garder cette énergie pour ailleurs ? Au moins, si nous devons y intervenir, faisons le en connaissance de cause et non comme un a priori indiscutable. La mixité est un slogan. Mais les résultats obtenus se révèlent souvent peu à l’échelle des objectifs que l’on s’est donnés. Ils peuvent même être contraires comme dans certaines politiques de rénovation de centres-villes. Ne faut-il pas plutôt affronter la réalité, les contradictions et conduire des initiatives moins pompeuses mais plus pragmatiques ? Il faut désenclaver un quartier, discours récurrent de toute intervention sur un grand ensemble. Pour ce faire on perce des voies et il arrive que l’on démolisse des bâtiments habités uniquement pour que la rue soit droite, qu’elle ne fasse pas un coude. A quel prix dans tous les sens du terme ? Le terme « désenclaver » prend dans ce cas un sens quasi mystique quand il est plutôt nécessaire de comprendre des contextes, d’apporter des solutions adaptées, évolutives, fondées sur une approche raisonnée des moyens disponibles, des priorités à se donner. Le langage là est moins le signe d’une mise à distance qu’il ne masque un manque de réflexion : nous n’avons rien à gagner en l’appauvrissant dans la mesure où justement c’est la précision et la profondeur de ce qui est discuté qui conditionnent la pertinence de ce qui est conduit.