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Jean-Pierre Charbonneau

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Billet de blog 28 octobre 2013

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Une cité à l'écoute de ses pulsations

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est de grands déclencheurs comme les Jeux olympiques ou Lille 2004 et de petits déclencheurs qui correspondent plus à ce qu’est le quotidien de la vie urbaine et de l’action publique.

Une association investit un bâtiment pour y organiser un travail social. Un groupe d’artistes transforme l’ambiance d’une placette et crée des usages différents. Des jeunes s’accaparent un lieu qui devient leur point de rencontre. Un marché, une fête sont organisés qui font vivre différemment un territoire…

Ces évènements peuvent soit n’avoir pas de suite, soit fournir à une collectivité l’opportunité d‘imaginer une évolution urbaine positive. A y regarder de près, l’éphémère, les initiatives non institutionnelles permettent d’apprendre ce qui pourrait être attendu d’un lieu et par qui, avec la limite que ce sont des appropriations particulières. Mais qu’importe pourvu qu’on en ait conscience ! L’informel parle de la vie, avec ses contradictions mais aussi ses richesses, avant qu’elle ne soit passée à la moulinette de la vision technique, technocratique ou simplificatrice. Il donne l’occasion d’anticiper, de tester, d’expérimenter sans que des réponses toutes faites ne soient apportées à priori.

Pour cela il faut ouvrir les yeux, observer, chercher à comprendre, accepter avec bienveillance ce qui ne vient pas d’une vision planifiée, avoir le désir et l’humilité de s’en nourrir, dépasser les méthodes rationnelles, les conventions. Alors une collectivité peut en tirer profit. Elle peut même favoriser de telles démarches et les accompagner. Occuper temporairement des berges de fleuves est convaincant pour montrer comment elles peuvent participer à l’activité urbaine et les choix qu’il faut faire pour cela (en général les désencombrer des voitures en circulation ou stationnement). Ensuite on peut approfondir les usages possibles et l’aménagement qui les traduira. Tenir compte du commerce informel dans les villes d’Amérique latine, même s’il est à la limite de la loi, et travailler avec leurs animateurs à trouver des solutions plus pérennes, est une manière de renforcer le dynamisme économique et social. Prendre acte de ce qui, à l’origine, est un lieu d’expression créative, culturelle ou numérique, imaginer comment la collectivité peut l’accompagner pour en faire un foyer de développement sans en être l’initiatrice, tout cela peut être plus efficace que de se substituer à ceux qui, déjà, ont fait et obtenu des résultats.

Une collectivité peut non seulement s’en nourrir mais elle peut aussi en faire un élément de sa stratégie. Elle peut favoriser les appropriations temporaires et regarder, analyser, montrer ce qui peut advenir pour que le public et elle-même comprennent mieux les possibles. Elle peut avancer par étapes, tester, laisser vivre, préciser et peu à peu construire ce qui deviendra pérenne. Une telle approche est riche d’enseignement pour que les réponses urbaines soient plus justes. Elle est d’autant plus pertinente à un moment où les budgets se font plus réduits et où, pour autant, il faut poursuivre l’amélioration de l’urbain. Elle suppose de ne pas tout planifier, d’être ouvert au changement, de laisser advenir des évènements que l’on n’aura pas forcément imaginé, d’accepter l’imparfait, de ne pas finir. 

Texte à paraître dans le N°3 de Tous urbains de Novembre 2013

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