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Billet de blog 29 novembre 2013

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La cité en devenir se fera t'elle sans les artistes

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Intervention lors du colloque à Strasbourg e.cité-Europe le 26 novembre 2013 au Conseil de l'Europe

La cité en devenir se fera t'elle sans les artistes? La question mérite d’être posée. Au delà des intentions très louables, on pourrait se demander si la cité se fait déjà avec les artistes, dans quels cas, à quelles conditions et quel est l’impact réel de leur implication. Question complexe à laquelle il ne sera pas aisé d’avoir une réponse tranchée, dés lors que l’on comparera ce qui se fait avec eux et ce qui se fait sans eux.

Des exemples pris dans divers pays et à des époques différentes témoigneront concrètement des possibles. La diversité des manières d’intervenir sera illustrée par le travail d’une artiste. 

Urbaniste et consultant en politiques urbaines et culturelles, chaque fois qu’il m’a semblé envisageable de le faire, j’ai sollicité la participation de créateurs (écrivains, designers, paysagistes, architectes…) et d’artistes. Un certain nombre de réalisations ont ainsi vu le jour  comme les Festivals des Jardins de Rue ou les Jardins de Poche à Lyon ou l’Atelier de jeunes créateurs à Saint-Etienne.

Une analyse des processus en œuvre dans ces différents cas et dans d’autres qui parfois n’ont pas fonctionné permettra de mieux comprendre à quelles conditions ce rapport artistes/collectivités a pu exister. Chaque fois la méthode a été différente et a cherché à s’adapter au contexte local, voir à faire évoluer celui-ci, notamment concernant la commande.

C’est que le mode de production de l’urbain est compliqué, à l’image de la ville et de ses quartiers. Il fait appel à des partenaires multiples, à des processus complexes, à des métiers, des techniques (gestion de planning, organisation du partenariat, de la prise de décision, appréhension des multiples échelles, concertation, capacité de conception, élaboration de stratégie, suivi administratif…). L’on ne peut donc décréter que cela devra être d’une certaine façon mais doit rentrer dans le réel de la transformation urbaine et notamment son jeu d’acteurs, représentant une des limites de la commande publique pérenne qui est d’induire des mécanismes souvent lourds, alourdissant les réponses.

Alors à Saint-Denis, c’est la politique culturelle elle-même qui a accompagné la transformation du centre. A Mulhouse ou Montreuil, un des enjeux à venir est de nourrir le dispositif de qualification des espaces de ces deux villes de la dynamique artistique que chacune porte. Cela signifie mobiliser ce qui est déjà en place et organiser peu à peu des processus qui fécondent l’évolution urbaine.

Ces démarches d’intégration des artistes dans les mécanismes de réflexion et de projet sur la ville font diversement appel à leur savoir selon les contextes. Rien n’interdit cependant que les collectivités fassent appel à l’éphémère, ou qu’elles soient facilitatrices, voir spectatrices d’actions revendiquées par les artistes avec ou sans d’autres groupes sociaux. La liberté de ton, la légèreté, la rapidité, l’efficacité quant à l’actualité du message artistique ne devraient pas y perdre. 

Paris le 22 novembre 2013

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