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Billet de blog 19 février 2019

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APRÈS LE BOGANDA* SECOND (5)

Autrement dit, reprit Anissa, Dieu n’est pas seulement masculin, mais de surcroît asexué ; d’où la prestidigitation de Dieu-le-Père pour engendrer Jésus car si c’est le masculin qui a l’érection, c’est le féminin qui entretient celle-ci ; il y a consubstantiellement partage de pouvoir dans la jouissance sexuelle : un dieu tout-puissant doit nécessairement s’avérer sexuellement impuissant.

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- L’égotisme érigé en vertu cardinale, la course effrénée vers les richesses matérielles engendrées par notre reddition devant la technoscience sont impedimenta sur la route conduisant vers Jésus Christ notre Seigneur ; voici des décennies que nous le répétons à longueur d’homélie toute l’année. Partout l’esprit non seulement le Saint, semble avoir déserté le monde des écrits : la plume hésite, l’encre s’assèche quand balbutiante, sa présence effleure l’imagination. Condition de survie sociale, la profanation c’est-à-dire mise à disposition de tout ce qui avait été séparé confiné dans la sphère du sacré, ce bannissement du sacré hors du temple mène inéluctablement à l’expatriation de la quiddité humaine hors de chacun.

- Qu’en pensez-vous, Colonel ?

- Lors de la restitution frénétique aux terriens des biens prélevés voire aliénés au bénéfice de l’au-delà, Mammon s’est déguisé en Jésus ; Seul l’exil de l’usurpateur permettra le rapatriement du divin sur terre...

- Si une brillante carrière d’opérateur des marchés financiers commence souvent par une affaire désastreuse puisque nul ne peut s’enrichir sans avoir préalablement escroqué son prochain, Dieu me laisse indifférente tandis que les saints me manquent cruellement ; intervient Anissa avant de laisser continuer le Colonel.

- J’illustrerai cette émigration de l’humanité hors de l’humain par l’usage du chapelet. Hier échelle symbolique permettant de s’élever jusqu’à la proche banlieue de la Cité céleste, dans nombre de régions du monde il apparaît aujourd’hui comme accessoire de mode, marqueur social ; moult foires et salons offrent à chacun selon sa bourse, ou turquoise de Nichapour qui vire du bleu au vert selon la météo, ou bois dégageant un parfum de musc propice à une entrée en matière galante. Pour certains dévots de la place, ce support à la prière est plus ergastule où ils s’isolent du monde que clef ouvrant vers son prochain ; ils l’égrènent à la gloire de Marie mère de Dieu en pensant à Marie leur maîtresse du moment ; signe que Mammon est en train de gagner la partie.

– Telle assertion ne vaut-elle pas son pesant d’ambre Monseigneur ?

- Pesant d’ambre peut-être Anissa, mais assurément victoire à la Pyrrhus mon colonel ; victoire à la Pyrrhus ! - Nous départant du rosaire sans pour autant quitter les choses de l’Eglise j’aurais voulu Monseigneur, avance madame Barabbas, savoir pourquoi Dieu le père n’a pas de parèdre.

- Parce que ma fille, jouissance sexuelle masculine est tributaire du pouvoir féminin ; la toute-puissance de Dieu le père ne saurait souffrir d’une quelconque dépendance.

– Autrement dit, reprit Anissa, Dieu n’est pas seulement masculin, mais de surcroît asexué ; d’où la prestidigitation de Dieu-le-Père pour engendrer Jésus car si c’est le masculin qui a l’érection, c’est le féminin qui entretient celle-ci ; il y a consubstantiellement partage de pouvoir dans la jouissance sexuelle : un dieu tout-puissant doit nécessairement s’avérer sexuellement impuissant.

- Peut-être aussi Monseigneur reprend Marie Claude, que la jouissance féminine confine au non maîtrisable, donc au divin ! Ce serait pour d’aucuns l’origine de la très grande piété des femmes sous toutes les latitudes, comme si les filles d’Eve voulaient se faire pardonner un péché d’orgueil : jouir autant que Dieu !

- Il est vrai assure la dame patronnesse, que chez les catholiques même consacrée comme moniale, la femme ne peut distribuer la communion. Du côté de l’islam, certains prétendent que la voix de la femme serait ‘’awrah’’ c’est-à-dire chose qu’il conviendrait de cacher ; aussi Awa ne doit-elle réciter le Coran devant Mohamed.

- Ouais !... Même à moi évêque, il y a des logiques de l’Eglise qui m’échappent : « Les voies du Seigneur sont impénétrables. » Toutefois il me semble que la place des femmes dans les religions du livre n’est que la caricature du rôle de celles-ci dans la société, lui-même en relation inverse du pouvoir clérical réel sur l’Etat. La fête du vingt-cinq décembre illustre bien à travers les âges cette puissance du clergé sous nos climats. Entre Sol invictus et Père Noël, où aujourd’hui situer Jésus ?... Interface entre ombre et lumière, paganisme et chrétienté, mort et résurrection, célébration inoxydable dans les pays à solstices sous les noms de Jul et autres Brumalia, cette période de l’année a toujours été fêtée.

- Ainsi reprit Anissa, en 164 avant notre ère Judas Macchabée pénétrant dans Jérusalem voulut restaurer le Temple souillé par les Syriens d’Antiochus IV Epiphane qui avait ordonné l’acculturation forcée des Juifs ; le 25 du mois de kislev (décembre), il décida d’inaugurer le nouveau temple ; alors il se produisit un miracle : la Ménora brûla huit jours au lieu d’une journée comme on s’y attendait compte tenu de la quantité d’huile disponible. C’est la raison de l’Hanoukka, fête célébrée tous les ans par les Juifs.

- Après l’avoir longtemps laissé vagabonder entre janvier et avril continua Monseigneur, l’Eglise fixa-t-elle la naissance du Christ au vingt-cinq décembre lendemain des Saturnales à compter de l’an de grâce trois cent-cinquante-quatre par la voix du pape Libere ; la naissance du soleil invaincu fut remplacée par Noël naissance de Jésus le dieu lumière, le nouveau soleil invincible. Que de nos jours Jésus soit transformé en Père Noël et que vingt-cinq décembre rime avec gueuleton au milieu de lumières scintillantes avec décor foisonnant et symbolique cachectique est l’illustration parfaite de la tension entre le sacré et le profane, l’Eglise et l’Etat ; mais nul doute, le sacré aura le dernier mot ! Croyez-m’en, ici je ne défends pas que mon fanion !

- Mais...avance la professeure, Noël ne retourne-t-il pas en définitive à ses origines païennes puisque la bûche de bois source de flamme donc de vie est devenue gâteau signe de fête ? Sous l’équateur où jour et nuit sont d’égale durée en toute éternité, Noël, Weihlnachten nuits de la consécration des Allemands venues elles-mêmes des Raunachten nuits rudes du soleil au nadir, peut-il évoquer autre chose qu’un droit pour les enfants de jouer tard au clair de lune, un jour de congé pour les salariés, chewing-gum et Coca-Cola pour les chrétiens, ou en résumé la séquelle de cette maladie incurable nommée colonisation toujours tempérée par l’idée de fête trottant dans chaque tête ?

(La suite, demain)

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