À deux reprises, Evo Morales a doublé d’un sacre la cérémonie d’investiture à la présidence, sacre au cours duquel, déguisé en empereur Inca, il recevait ses pouvoirs spirituels d’un amauta (prêtre, chaman)[1] lui-même fort déguisé, au centre des ruines du site archéologique de Tiwanaku.
Un musée à la gloire du président a été construit dans son village natal, accompagné d’une salle de spectacle et d’un stade surdimensionnés. La maison où il est né a été classée au patrimoine national. On entreprend maintenant d’édifier un nouveau palais présidentiel sur l’emplacement de l’ancien – une tour de 28 étages, fichée sur une pyramide au style néo andin –, en détruisant une partie du cœur historique de La Paz.
Et l’evolâtrie n’a pas de bornes. Des stades, des frontons, des salles de spectacle, des écoles, des collèges, des quartiers, des aéroports, un tronçon de route portent le nom d’Evo Morales. Une école publique d’avocats Evo Morales Ayma a été créée (loi 064), des jeux sportifs estudiantins plurinationaux –Presidente Evo ont été ouverts (décret 484).
Dernière trouvaille des flagorneurs, une chanson à la gloire du président, une marche militaire qu’un commandant de l’armée a donné l’ordre d’interpréter à l’occasion de chaque cérémonie.

Hymne à Evo Morales
Ton patriotisme notre idéal,
Et aussi ta grande vertu.
Tu as réuni la Bolivie dans un cœur,
Grand exemple à imiter.
Les grands héros du passé
Que tu as ressuscités avec ténacité et foi
Revivent en nous
Et à ton armée tu as redonné l’identité.
Allons, allons tous défendre
Que la lutte ne se termine jamais
Boliviens d’une seule voix
Patrie ou mort pour gagner.
Evo Morales, tu as la lumière
Orinoca[2] l’idéale a tenu le berceau
De l’homme qui un jour a changé l’histoire
Et rassemblé la patrie chérie.
Evo Morales, tu es la voix
Qui a affronté l’impérialisme
Pour tous les enfants un grand avenir
Anticapitaliste et anticolonial.
Souveraineté et dignité,
Tous unis aujourd’hui pour vaincre
Jusqu’à récupérer
Notre grand littoral tant regretté.
Evo Morales vivra toujours
Et ses paroles on entendra
Exemple service et honneur
Qu’à la patrie il a légué.
Letra de la marcha a Evo Morales
Tu patriotismo nuestro ideal
Y también tu gran virtud
Has unido a Bolivia en un corazón
Gran ejemplo para imitar
Renació en nuestro ser
Grandes héroes del ayer
Evocaste con todo esfuerzo y fe
Y a tu ejército identidad
Vamos vamos todos a defender
Que la lucha no termina jamás
Bolivianos a una sola voz
Patria o muerte a vencer
Evo tú tienes la luz
La ideal Orinoca tu cuna te dio
Al hombre que un día la historia cambió
Y a la patria querida es quien la unió
Evo tú eres la voz
Que al imperialismo fue quien la enfrentó
Para todos los hijos un gran porvenir
Anticapitalista y anticolonial
Soberanía y dignidad
Unidos todos hoy para vencer
Hasta recuperar
Nuestro añorado y gran Litoral
Por siempre vivirá
Evo Morales se escuchará
Ejemplo servicio y honor
Que a la patria nos legó
Le lecteur curieux de sa qualité littéraire et musicale, trouvera à cette adresse l’enregistrement de l’œuvre[3] :
http://www.erbol.com.bo/noticia/seguridad/31052016/componen_marcha_evo_afirman_que_no_es_obligatorio
[1] L’amauta qui avait consacré Evo Morales leader spirituel des Indiens le 21 janvier 2006, et qui lui avait remis son bâton de commandement – un des savants aymara plus réputés –, a été appréhendé en 2010 en possession de 350 kilos de cocaïne liquide.
[2] Nom du village natal d’Evo Morales. Il est situé dans une pampa semi désertique, à 185 km de la ville d’Oruro. Il comptait 638 habitants en 2012. Le musée de la Révolution démocratique et culturelle s’étale sur 3858m2. C’est le plus grand de Bolivie. Il est destiné à montrer les cadeaux offerts au président.
http://www.paginasiete.bo/gente/2016/1/30/museo-grande-bolivia-orinoca-85032.html
[3] Mais si l’expérience le déprime, il peut se remonter le moral avec la délectable interprétation des hymnes nationaux par Les Luthiers : https://www.youtube.com/watch?v=1bmSmoXRvMg.