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« Nous ne nous réunissons pas pour créer un spectacle, nous créons un spectacle pour nous réunir. C’est l’œuvre qui fabrique le collectif » écrit François Cervantes à propos du travail que mène sa compagnie l’Entreprise avec le collectif libanais Kahraba fondé en 2006. Ce collectif qui avait créé en 2011 le festival Nous, la lune et les voisins, avait invité la compagnie de François Cervantes et l’envie de travailler ensemble s’en est suivie.
Cervantes, Catherine Germain et Xavier Brousse, complices de longue date, sont allés au Liban créer avec le collectif le second volet du spectacle Arletti à l’étranger. Dernière aventure de ce clown propre à Catherine Germain, façonné depuis de nombreuses années sous le regard de Cervantes. Le spectacle, interprété par Aurélien Zouki et Tamara Badreddine du collectif Kahraba a été créée au Liban en 2021, repris l’année suivante. L’envie de poursuivre l’aventure commune se concrétise aujourd’hui avec la création de Et le coeur ne s’est pas arrêté. Texte et mise en scène François Cervantes, direction d’acteurs Catherine Germain, jeu Eric Deniaud, Aurélien Zouki et Tamara Badreddine, les trois piliers du collectif libanais. Cervantes :« Quand Aurélien et Eric m’ont demandé quelle est l’image centrale de ce spectacle ? Je leur ai dit : un homme qui continue à lire pendant un bombardement ».
Tout commence par une explosion. La maison bringuebalante est endommagée. Une jeune femme en pantalon et pull noirs s’affaire à réparer des dégâts (Tamara Badredine, régisseuse et actrice). Apparaît Samy, aux accoutrements énormes, gonflé de nippes de la tête au pied, tout à l’heure viendra Younes épais comme un fil de fer et prompt à s’évanouir. Samy nous toise : « vous êtes arrivés comme ça..vus êtes assis là, devant la maison », à un endroit où naguère il y avait des champs se souvient-il. Ce jeu du chat et de la souris va durer jusqu’au bout, rythmé par les explosions, des avions qui passent au dessus de la maison, la biture et les endormissements de Samy, les étonnements et les évanouissements de Younes : « Tu vois comme ils écoutent en silence ? » dit Younes à Samy en regardant vers nous, spectateurs, après que Samy ait dit comme un poème et sans jamais chanter « Quand on n’a que l’amour » de Brel.
C’est une maison étrange, vaste et, parait-il pleine de monde, dont on ne voit que l’entrée qui vient d’être rétrécie suite à un bombardement, Samy, trop large, ne peut plus y entrer. Alors il nous décrit l’intérieur : « on avance dans les couloir , on ouvre une porte, ils sont là, embrassés, immobiles ; comme les mots dans une phrase ». Parle-t-il de nous ?
« Pourquoi est ce qu’ils nous regardent, Younes », s’étonne Samy qui va s’écrouler et se réveiller en croyant avoir dormi quatre ans, ivre après avoir sifflé toutes les bouteilles de la cave. Tamara, elle, s’occupe à réparer la maison abîmée par chaque bombardement, le lunaire Younes, se réfugie dans les livres il en lit deux à la fois, « les personnages des deux livres qui ne se connaissent pas, ils se rencontrent à l’intérieur de moi ».
Un charme fou traverse ce spectacle où suinte la complicité entre l’auteur, la direction de jeu de Catherine Germain et le formidable trio du collectif libanais
Spectacle créé et vu à l’auditorium de l’Agora de Boulazac, Pôle national du cirque. Tournée : les 2 et 4 oct au Festival Les Zébrures des Francophonies, à Limoges; le 6 déc aux Passerelles de Pontault-Combault, le 9 déc au Théâtre Joliette, à Marseille. En 2026, série de représentations au Liban.