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De Perm, ville pleine de souvenirs littéraires (Tchekhov y passa sur le chemin de Sakhaline en 1890 puis y revient en 1902 et il y aurait situé l’action de sa pièce Les Trois Sœurs ; Boris Pasternak y vécut et s’en serait inspiré pour plusieurs scènes du Docteur Jivago ; Mikael Ossorguine, auteur du très beau texte Le Gardien des livres (éditions Interférences) y est né, etc.), il faut prendre la rue Sibérie qui traverse la ville, la rue empruntée par les prisonniers du goulag pour gagner la Sibérie, de l’autre côté des monts Oural. Au sortir de la ville, après une bonne centaine de kilomètres, on arrive à Perm36.
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Ce qui reste du camp est modeste, touchant dans la volonté de montrer une image pour ainsi dire aseptisée du goulag aux cellules spartiates mais bien propres. Le camp fermé en 1987 avait été ensuite en partie rasé. Mais d’anciens prisonniers de ce goulag et diverses associations comme Mémorial avaient fait en sorte que l’on en garde quelques bâtiments pour y maintenir des bribes de mémoire. Une femme, baguette en main comme il est d’usage en Russie, vous faisait la visite. On était loin des pages d’un Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma chez Verdier, l’un des plus grands livres du XXe siècle) mais c’était mieux que rien, mieux que l’effacement comme ailleurs. Et bien non. La mémoire des camps ne sied pas à Poutine. Faute de moyens, Perm36 vient d’être fermé, laissé à l’abandon, à l’oubli.
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Aux dernières nouvelles, il semble que le musée ne serait pas fermé mais ferait l’objet d’une réorganisation selon de nouvelles orientations. Affaire à suivre donc, mais ce genre de phraséologie vague est à prendre avec des pincettes.