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Billet de blog 4 décembre 2025

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David Wahl a écrit « L’homme poisson » et le nage couramment

Le plus aquatique de nos metteurs en scène se devait d’aborder la fascinante question des sirènes lesquelles le hantent comme elles ont hanté de notoires écrivains qui accompagnent David Wahl dans cette aventure où il mouille plus que sa chemise

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Illustration 1
Scène de "l'homme poisson" © Katia Quéméré

Quelle femme, quel homme n’a pas rêve un jour de plonger dans l’eau d’un fleuve ou d’une mer et de nager élégamment sans pieds ni bras comme un poisson ? Quel poisson n’a-t-il pas rêvé de marcher sur une route ou un chemin escarpé en soufflant comme un homme ou en se déhanchant comme une femme? David Wahl chercheur en bizarreries bien connu des autorités portuaires de Brest et d’ailleurs opte pour une troisième voie qu’il nomme « l’ homme-poisson ». Soit, si l’on veut, une version mâle et poilue de la sirène, laquelle, si sollicitée par les poètes en mal de rimes et de renommée, peut ainsi prendre un peu de repos en s’offrant un bain de jouvence à la piscine municipale. Mais c’est un leurre comme le prouve L’homme poisson.

Que fait l’homme poisson en arrivant devant son cher public ? Il essaie de le noyer, en le faisant dériver vers l’homme de la Mancha plus calé en moulins à vent qu’en arêtes de merlu ce qui nous entraîne d’un coup de brasse coulée vers un certain Nicolas Poisson lequel est un gros lecteur comme David Wahl et comme Don Quichotte. Tous ont lu (même après leur disparition) Melville, tous on vu Les dents de la mer, tous connaissent Mélusine.

Pendant que j’écrivais ces lignes le costume du replet Wahl s’est, petit à petit, couvert d’écailles sauf sur sa barbe restée irréductible, sans doute une gauchiste aurait dit le ministre de l’intérieur qui n’a pas le pied malin. Bref, comme on pouvait l’espérer, le conférencier patenté Wahl nous invite à partir en mer sur une goélette répondant au nom d’Homère. Je vous vois impatient de deviner la question qui va suivre et vous obsède: depuis quand les sirènes sont-elles pourvues d’une queue de poisson ? la réponse de l’érudit Wahl est alambiquée comme il se doit et finit, comme c’était à prévoir, en queue de poisson.

L’un des clous du spectacle, c’est l’exploration méthodique du domaines des lamantins. Non, ce ne sont pas des bestioles qui se lamentent, mieux, nous dit le professeur-explorateur-conférencier Wahl, c’est « la rencontre dans sa chair de l’eau et de la terre ». D’où leur appartenance à la grande famille des siréniens. Et ainsi de suite.

C’est une soirée pleine d’érudition vagabonde qui barbote un peu trop longtemps dans le babil conférencier mais finit en beauté dans ce que l’on peut nommer sans rien en dévoiler: le mystère de la baignoire.

David Wahl a donc écrit L’homme poisson, l’un de ces textes dont il a le secret comme son Traité de la boule de cristal (son premier spectacle, inoubliable), L’histoire spirituelle de la danse ou Le sexe des pierres. Il a demandé à Thomas Cloarec de le mettre en scène, au plasticien Jean-Marie Appriou et à la scénographe Nadège Renard de l’accompagner dans cette nouvelle aventure aquatique qui s’achève sur ces mots en eaux troublantes : « Les sirènes existent. Il suffit de leur laisser le temps d’apparaître ».

L’homme poisson a été créé fin octobre à l’Oceanopolis de Brest il se donne à Paris au Palais de la Porte Dorée jusqu’au 6 déc avant de poursuivre sa tournée : le 10 janv à Guingamp ; le 22 janv à Redon ; le 14 fév à Saclay (scène de recherche); le 17 fév à Juvisy; les 19 et 20 mars à l’Onyx de Saint Herblin; le 23 avril à l’Hexagone de Meylan ; les Ier et 2 avril au Tangram d’Evreux ; les 27 et 28 mai au théâtre de Toulon.

Le texte est publié aux Editions Premier Parallèle

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