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Nous sommes au théâtre, installés dans la salle devant un rideau fermé. Rien de plus normal.enfin, pas tout à fait. Car ce rideau en velours est immense, épais, il en impose Les lumières de la salle baissent, on s’attend à ce que le rideau couleur feuille d’’automne s’ouvre. Mais il ne s’ouvra pas. On entend des vagues bruits derrière. Sont-ils en retard ? Le rideau ne s’ouvre toujours pas. L’attente fait ouvrir grand les yeux et les oreilles. Ah tout de même, une femme apparaît furtivement et disparaît, puis homme..et disparaît presque aussitôt. Et ainsi de suite, mais ne disons rien de la suite.
Nathalie Béasse ne joue pas avec les nerfs du spectateur, mais avec son regard, son écoute. Elle le capte doucement et en douceur, moyennant quoi ouvre sa complicité. Elle multiplie les fausses pistes, les embûches, déjoue l’attente. Elle joue à jouer.
Tout à l’heure paraîtra un homme habillé d’une peau de bête, tête comprise. On se souvient alors avoir lu ces mot dans le programme de salle : « Ça a commencé comme ça. Je lisais un livre sur Whistler, peinte de la fin du XIXème et je suis tombée sur la femme en blanc avec son bouquet de fleurs debout sur une peau de bête » racontait Nathalie Béasse. La femme en blanc a disparu (ou bien elle est partie danser), la peau de bête s’est attardée, le bouquet de fleurs aussi. Les spectacles de Béasse commencent comme ça, en biais si l’on peut dire, avec ça et là une réplique au sens suspendu, si suspendu que le sens disparaît dans les cintres et revient parfois faire une tour de piste beaucoup plus tard.
A la fin des fins, le rideau finira par s’ouvrir...sur d’autres rideaux. En tas, en boule, en charpie ou bien fuyant au fond du plateau comme une mer qui se retire. Certains rideaux viennent d’anciens spectacles, ils en reviennent, bardés de rides. C’est drôlement tendre, c’est doux. Le théâtre de Nathalie Béasse est un roman dont les spectacles sont des chapitres. Mais les chapitres se font des signes,se souviennent de leurs frasques, les rideaux novices se font de nouveaux amis qui en ont vu d’autres.
Il, en va de même pour les êtres humains. Les deux acteurs à tout faire (c’est un compliment) que sont Étienne Fage et Clément Goupille, on les a vus dans plusieurs spectacles de Nathalie Béasse laquelle aime s’entourer de collaborateurs fidèles : Julien Parsy à la musique, Nathalie Gallard à la lumière, Nicolas Lespagnol -Rizzi au son et Pascal de Rosa à la régie plateau. A ces compagnons de route est venue se joindre et se fondre la nouvelle, Aimée Rose Rich, danseuse de formation mais chez Béasse, tout acteur ou actrice est un ouvrier de la scène à tout faire. Le ménage, le déménagement, le pitre , le faux ingénu. L’ ouvrier parle aussi mais, le plus souvent avec parcimonie, c’est le cas ici. Il, elle empile, branche, effeuille, plastronne, fanfaronne au besoin, chante parfois et courre souvent.
Velvet est le titre de la chose. Ce qui veut dire velours en anglais. Quoi de plus doux et mystérieux que le velours d’un rideau. Ce velvet là en appelle un autre, celui du groupe Velvet Underground dont on entend le délicieux Pale blue Eyes. .Ah je ne vous ai rien dit du chien, ni du tas de pierres, ni des bûches, ni de la danse frénétique ; ni de.. Mais on ne raconte pas un spectacle de Nathalie, Béasse, on picore ça et là dans le bouquet touffu de sensations qu’il procure, filtré par le doux souvenir de leur apparition, on en préserve, en tordant Michaux, le misérable mystère.
Créé au Maillon à Strasbourg "Velvet" est à l'affiche du La Commune d'Aubervilliers, dans le cadre du Pavillon cosncaré au Théâtre de Nathalie Béasse ( workshop, resitution, spectacles, etc). Pusi "Velvet" continuera sa tournée du 31 janv au 7 fév au Quai d’ Angers : le 14 févr - Théâtre Louis Aragon de Tremblay en France ; le 28 févrr - Le Carré deChâteau-Gontier ; les 6 et 7 mars - La Rose des vents deVilleneuve d’Ascq ; les 23, 24, 25 mai - Théâtre Dijon Bourgogne, dans le cadre du festival Théâtre en mai .