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Billet de blog 9 avril 2025

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Une soirée au Belvédère de Ravel

Dans le Belvédère, sa petite maison à Montfort-L’Amaury, Maurice Ravel vivait seul avec une gouvernante. Dans « Ravel » Jean Echenoz évoque incidemment cette dernière. Julien Fišera la met en scène avec le compositeur tout au long de sa pièce « Dans le Cerveau de Maurice Ravel ». Un régal

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A la page 9 du Ravel de Jean Echenoz, le compositeur s’apprête à partir en voyage, il a « donné son congé à Mme Révelot », sa gouvernante. On retrouve cette dernière au retour du voyage triomphal de Ravel aux USA : « Mme Révelot a fait le ménage à fond, rétabli le chauffage et prévu de quoi manger dans la cuisine ». Plus tard, alors que le cerveau de Ravel vacille et qu’il a du mal à dire le nom de sa gouvernante , une amie du compositeur assure que cette vieille femme « a mauvais caractère ». Pourtant, après son opération du cerveau (trépanation), quand il reprend connaissance, Ravel « demande à voir une dame » dont il n’arrive pas à dire le nom. Est-ce Hélène Jourdan-Morhange ? Marguerite Long? Non. « On finit par comprendre, on fait venir Mme Révelot. Il se rendort, il meurt dix jours plus tard », p123, l’avant dernière page de Ravel.

Ravel a vécu seul, ne s’est jamais marié. La femme qu’il a vu le plus dans sa vie d’adulte, c’est assurément sa gouvernante, Mme Révelot. Que se sont-ils dit durant toutes ces années ? Quel « couple » formaient cet homme célébrissime et cette gouvernante dont on ne connaît que le nom ? C’est ce qu’imagine JuJien Fišera en mettant en scène ensemble Ravel et sa gouvernante Révelot (qu’il orthographie Réveleau) à l’heure où le compositeur travaille à son Boléro et à un opéra Jeanne d’Arc qui restera dans les limbes.

On parle, on mange, on fume (Ravel était un invétéré fumeurs de Gauloises)- mais on éteint vite sa cigarette que l’on a d’ailleurs eu du mal à allumer, ce qui tombe bien car il est désormais interdit de fumer sur une scène. Tout cela ne vas pas sans musique et le compositeur Anthony Laguerre avec des échos du Boléro « soutient et guide le projet théâtral » assure le metteur en scène, au demeurant les éléments de sa batterie envahissent peu à peu un coin de la scène..

Dans le rôle de Ravel et ayant participé à l’écriture du spectacle, l’immense acteur qu’est Vladislas Galard vu souvent dans les spectacles de Jeanne Candel et Samuel Achace et récemment dans les derniers spectacles de Sylvain Creuzevault. A ses côtés, dans le rôle de la servante, boiteuse à ses heures, le formidable Thomas Gonzalès, familier de spectacles de Mathilde Delahaye et qui a intégré l’équipe de l’Encyclopédie de la parole de Joris Lacoste.

On rentre dans le cerveau de Ravel, on va d’éclairs de lucidité en embrouillaminis , la servante donne le change. On parle musique, cuisine, fleurs, les deux acteurs font la paire. Et la batterie leur fait la fête.

Théâtre Sylvia Monfort jusqu’au 10 avril.

Le 13 mai au Théâtre des Quatre saisons de Gradignan

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