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Billet de blog 10 juillet 2025

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Gwenaël Morin infortuné roi des « Perses »

vignon. Au cœur de son projet « Démonter les remparts pour finit le pont » , Morin devait chaque année monter une pièce choisie dans la langue mise à l’honneur au festival. Ce fut le cas pour l’anglais (Shakespeare) et l’espagnol (Cervantès) il n’en est rien cette année avec la langue arabe. Morin monte « Les Perses » d’Eschyle. Une pièce écrite en grec. Vous avez dit bizarre ?

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Illustration 1
"Les perses" scène © Christophe Raynaud de Lage

Comme pour tous les spectacles du festival d’Avignon, la feuille de salle distribuée aux spectateurs s’articule autour d’un entretien avec celui ou celle qui signe la mise en scène. C’est bien sûr le cas pour Les perses  d’Eschyle, troisième épisode du projet « Démonter les remparts pour finir le pont » qui lie le metteur en scène au festival durant le quatre ans du mandat de son directeur Tiago Rodrigues. Ce dernier choisit chaque année une langue mise à l’honneur année et Gwenaël Morin choisit t un texte puisant dans cette la langue. Après l anglais de Shakespeare et l’espagnol de Cervantès,on attendait donc une œuvre en langue arabe. Des Mille te et une nuits à Mahmoud Darwich, le choix était large.

L’hiver dernier courrait la rumeur selon laquelle Morin se plongerait dans ce chef d’œuvre aux ressorts multlples qu’est les Mille et une nuits. On se réjouissait à l’avance. Et nous voici avec… une pièce grecque, au demeurant la première qui nous soit parvenue dans cette langue : Les Perses d’Eschyle. Vous avez dit étrange ? Comme c’est bizarre. Il y a bien une vague présence des Mille et une nuits dans Nôt, un spectacle présentée dans la Cour d’honneur au premier soir par l’artiste complice du festival , mais fallait-il faire des Mille et une nuits un domaine réservé à un spectacle, un seul ? Pourquoi pas deux, pourquoi pas dix ? C’est incompréhensible, d’autant plus que ce n’est pas assumé.

Pour preuve la première phrase de l’entretien avec Morin dans la programme distribué aux spectateurs des Perses , dans une langue corsetée digne d’un communiqué sibyllin de Matignon ou une façon de botter en touche chère du Quai d’Orsay : «  ce choix est le fruit d’une discussion avec Tiago Rodrigues » dit Gwenaël Morin. Point final. C’est pour le moins irrespectueux pour les spectateurs qui suivent depuis deux édition le jeu de ce feuilleton désormais caduque, déchiré en quatre et foutu aux chiottes comme disait Jean Genet.

Mais venons-en tout de même aux Perses dans le jardin de la Maison Jean Vilar, rue du Mons dont on a plaisir à retrouve les arbres, gardiens du lieu et veilleurs des murs du Palais des papes.

Initialement Les perses était une pièce qui s’insérait dans une tétralogie nous disent les spécialistes comme Pierre Judet de la Combe qui a traduit la pièce avec la regrettée Myrto Gondicas ( collection de poche Griffe aux éditions Anacharsis) . On ignore tout des trois autres pans de la tétralogie. Qu’importe, c’est une belle pièce qui met en scène des vaincus : les Perses défaits par les Grecs à la bataille navale de Salamine.

La vieille reine perse, veuve du roi Darios, attend le retour de son fils Xerxès. Elle le voit la nuit, en rêve « Mon enfant tombe. A ses côtés se tient son père/ Darios, plein de pitié pour lui.En le voyant,/ Xerxès déchire les robes qui lui enveloppaient le corps ». Un messager arrive et devant la reine et va longuement « déplier la catastrophe » . Son récit s'achèvera par ces mots: « Sache-le bien. Jamais, en un seul jour, /n’est morte une masse d’hommes d’un si haut chiffre «’. Cependant Xerxès est vivant. Devant la tombe de son époux, la reine d’adresse au fantôme du roi Darios pour le prévenir « la puissance des Perses, pour le dire, est totalement détruite »

Le chœur se latente  lorsqu' apparaît le vaincu, Xerxès. Humilié «  Je suis l,à -oï oï-, en sanglots/ Misérable, j’ai été une nuisance/ pour la race et la terre des ancêtres »..La pièce s‘achève avec le mot « tristesse » que répètent l’un après l’autre le Chœur et Xerxès.

Dans le jardin de la rue de Mons, les arbres semblent avoir pris d’ampleur depuis l’été dernier. Sur le sol, un double cercle tracé à la craie devant l’unique gradin des spectateurs. Autour tournent les quatre « interprètes professionnels rencontrés lors de l’atelier libre mené à Avignon depuis 2023 par Gwenaël Morin » (lequel signe adaptation, mise en scène et scénographie) : Jeanne Bred, Fabrice Lebert, Gilféry Ngamboulou et Julie Palmier. Les quatre sont vaillants, volontaires, mais la pièce, au phrasé difficile, demanderait une distribution ayant plus d’expérience dans les mollet et et les gosiers pour porter haut la langue d’Eschyle. En revanche, on les auraient bien vus s’éclater dans quelque uns des récits que Shéhérazade raconte au sultan toute la nuit et le tient en haleine pour ne pas qu’il l’a tue au petit matin.

Les Perses, du 11 au 3, du 15 au 20 et du 22 au 25 juillet à 22h au jardin de la rue de Mons

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