C’est un spectacle aussi léger que conséquent fait de trois fois rien : une table, une chaise, un couteau, une fourchette, un verre, une nappe, une bouteille, un client qui commande du vin et un serveur qui apporte le vin, le fait goûter, puis remplit le verre. C‘est là que ça se gâte. Bien que la bouteille soit vide (nous sommes au théâtre), tous les spectateurs entendent l’onde du vin remplir le verre, mais le garçon (pourtant saint de corps et d’esprit et nullement paf) ne relève pas la bouteille d’un geste du poignet pour interrompre l’écoulement, il laisse couler le vin (j’allais écrire jusqu’à plus soif), le vin déborde du verre, il ne bouge toujours pas d’un iota et voilà la nappe toute mouillée, le garçon éponge, le client aussi . Et bientôt, - c’est là que le spectacle commence sa folle rotation-, le client devient le serveur, ce dernier devient le client et tout recommence. Une fois, dix fois, cent fois peut-être avec tout ce que cela entraîne de mini dérèglements.
On a rarement poussé plus loin le bouchon (c’est le cas de le dire) du comique de répétition. D’autant que les deux duettistes (le client et le serveur) vont réitérer l’opération...., n’en disons pas plus.
Cette Addition est la dernière incongruité du metteur en scène britannique Tim Etchells, directeur artistique de Forced entertaitment, groupe familier des scènes européennes. Ajoutons que ce spectacle a été spécialement conçu pour le Festival d’Avignon par Tim Etchells avec la collaboration de ses deux et excellents interprètes, Bertrand Lesca et Nasi Voutsas, pour constituer le spectacle itinérant du festival. Une proposition mise en œuvre par l’ancienne direction et que Tiago Rodrigues a eu raison de reprendre.
Je ai vu L'Addition àVacqueyras, village petiot mais célèbre pour ses vignes et ses vins. La scène en bois était dressée en plein air dans la cour d’une salle paroissiale. Le décor, un simple rideau rouge qui ne s’ouvre pas et derrière lequel il n’y a rien, adossé à la vallée en contrebas et gardé sur son flanc gauche par un cyprès à deux troncs. Le public prenait place sur des chaises alignées pour l’occasion, Certains spectateurs avaient apporté un coussin personnel. Avant le monter vers le lieu du spectacle, le domaine La Garrigue étanchait les gorges des assoiffés, je me suis laissé tenté, une fois n’est pas coutume, par un Vacqueyras blanc dans cet empire du rouge, bonne pioche. En sera-t-il de même au Monfort, à Vandoeuvre et à Belfort ? Le bar est ouvert.
L’addition est repris au Théâtre Silvia Monfort du 30 janv au 2 fév. Puis le 13 mars au Théâtre deChoisy le Roi, le 20 mars au CCAM de Vandoeuvre-lès -Nancy, le 26 mars au Granit de Belfort.