Agrandissement : Illustration 1
Soit un castelet d’un mètre sur un mètre soixante, planté à la va comme je te pousse au milieu d’une scène et qui n’en finit pas de s’édifier en se désarticulant. C’est là une commande faite par Jeanne Candel à l’ingénieuse Sarah Jacqemot-Fiumani, pour ce spectacle pour tous, de la post maternelle à l’ après retraite, au titre cosmique : Fusées. C‘est un castelet plus facilement démontable que montable comme le prouvent les deux acteurs et les deux actrices (dont une pianiste) qui mettent à profit le comique de répétition en tentant de monter le dit castelet.
La chose ayant été accomplie, non sans mal et autant de gags, la bande des quatre passe à une leçon de choses déglinguée, sorte de version zozo de « L’espace pour les nuls ». Après quoi il sera temps de partir pour la voie lactée à demi écrémée -à deux pas de là, en fond de scène et à quatre pattes - pour suivre la ballade et la balade des deux cosmonautes Boris et Kyril (qui vont par deux comme Laurel et Hardy) dans leur navette spatiale (une sorte de table renversée) en mimant l’apesanteur (bras et jambes en l’air). Avant cela, Jeanne Candel et sa bande évoquent, en lui rendant hommage, le premier animal à être allé dans l’espace bien avant les humains : la chienne Laïka et son retour tragique (brûlée vive) à bord de Spoutnik 2 en 1967. Nous sommes tous les chiots de mère Laïka semblent dire les deux cosmonautes et leurs acolytes. Soit : Vladislas Galard (en alternance avec Marc Plas) et Jan Peters, leur assistante communiquant avec la terre (Sarah le Picard en alternance avec Margot Alexandre) et la pianiste à tout faire même des accords cosmiques (Claudine Simon).
Il y a une douzaine d’années, dans un spectacle de la Vie brève (tous sont des créations maison où la part du travail créatif de chaque interprète, comédien.ne et.ou musicien.ne, est décisif) figurait une scène avec deux cosmonautes se souvient l‘acteur violoncelliste et occasionnel mémorialiste Vladislas Galard entre deux spectables de Creuzevault. La scène était drôle et même drôlement belle mais brève. Les deux cosmonautes attendaient plus. Plus patients que les étoiles qui n’en finissent pas de s’éteindre, ils ont allumé la bougie de la mémoire et attendu qu’on lui souffle dessus. L’attente valait la chandelle. C’est un couple d’acteurs et un duo comme on les aime : aussi plausible qu’invraisemblable. Et entouré en sus par deux fées du logis dont l’une loge dans un satellite (une table de camping) et est une fan de Heinrich Schütz et l'autre joue du piano comme en apesanteur.
Jeanne Candel dit vouloir depuis toujours « expérimenter des processus de recherche très variés, des formes libérées de tout dogme car ancrées dans l’empirisme du plateau et son bricolage ». Bingo, on y est, en plein. Ça gargouille, ça roucoule, ça facéties, et youp. Ça vole haut sans oublier le bas. C’est bath comme disait Laïka en 1957. C’est ouf comme disaient des spectateur en sortant de Fusées.
Au Théâtre de l’Aquarium, aujourd’hui sam à 18h, demain dim à 17h. Puis tournée : du 24 au 28 sept au TJP de Strasbourg / Festival Musica ; du 6 au 9 nov au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers dans le cadre du « Pavillon jeune public Super Super » : du 18 au 21 déc au Théâtre Garonne à Toulouse ; les 9 et 10 janv au théâtre Malraux de Chambéry; les 30 et 31 janv au Théâtre du Bois de l'Aune d’ Aix-en-Provence ; du 5 au 7 fév à Bonlieu, Annecy ; du 12 au 15 fév au T2G, Gennevilliers