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Billet de blog 14 octobre 2025

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« Violences », tout en douceur

Léa Drouet a conçu et interprète avec tact et chuchotements, « Violences », un spectacle mettant en scène, hier comme aujourd’hui, des violences policières envers des enfants

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Illustration 1
Scène de "Violences" © Cindy Sechet

Comment dire en douceur la violence de l’horreur pour mieux  la cerner, l’endiguer et la mettre à mal , c’est le chemin emprunté par Léa Drouet dans Violences sous le regard de sa dramaturge, la philosophe Camille Louis.. « La violence n’est pas que le lot d’un pouvoir qui nous rend impuissants. Elle est aussi une puissance que nous pouvons déployer pour reprendre des capacités de voir, d’agir et de vivre autrement » écrit cette dernière à propos du spectacle de son amie.

Su scène, ça et là, des petits tas de sable fin où poussent des immeubles fait de petits cubes de couleurs. Comme un jeu d’enfants, un jeu qui conduit Léa Drouet sur la piste de sa grand-mère qui, petite fille, s’en alla par les routes, pour échapper à la rafle du Vel d’Hiv. L’actrice semble une géante se déplaçant dans le monde des Lilliputiens. Elle parle peu et doucement, très doucement comme on le fait près d’un petit enfant qui se méfie du sommeil ou d’un anial sauvage.

Cette première histoire nous entraîne ailleurs, dans d’autres pays où d’autres enfants sont la proie de tirs de viols, de noyades après le renversement d’un canot pneumatique en pleine mer comme les médias d’information tous les matins en regorgent.

L’un des rares gestes ostensible de l’actrice sera de lever le bras et d’imiter un un homme qui va titrer. Tirer sur Mawda, une enfant kurde de deux ans, bientôt enterrée anonymement. Lui rendre un nom, lui donner une sépulture, lui offrir une vie par delà la mort c’est ce que fait Léa Drouet avec douceur et lenteur pour l’enfant Mawda abattue par un policier belge en 2018.

« Car c’est peut-être dans la fragilité des grains de sable que se distinguent les fondements , friables et solides à la fois, d’un monde capable d’assumer ses conflits autrement que sous forme du champ de bataille et de l’État de guerre généralisé » poursuit Camille Louis.

Le spectacle venait d’être créé au Théâtre des Amandiers de Nanterre lorsque le Covid a déferlé. Il est aujourd’ui repris au Théâtre de la Bastille à 20h, jusqu’au 18 oct.

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