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Billet de blog 15 mai 2024

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Lionel Lingelser le possédé

L’acteur Lionel Lingelser, co-fondateur du Munstrum théâtre, a confié à l’auteur Yann Verburgh le soin de conter sa vie en la brodant. Ainsi est née une pièce pleine de fantômes, « Les possédés d’Illfurth », où l’acteur joue tous les rôles. Éblouissant.

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Illustration 1
"Les possédés d'Illfurth" © Jean-Louis Fernandez

Tel un chaman, tambourin en main éloignant de son fracas les mauvaise ondes, l’acteur Lionel Lingelser traverse la salle pour monter sur la scène où il restera seul, avec, en bouche, le récit sa vie librement mise en mots, et sans fards à sa demande, par l‘auteur Yann Verburgh.

Né en Alsace dans le petite village d’Illfurth, Lionel Lingelser a étudié le théâtre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris tout comme son compère Louis Arène. Ensemble, ils ont fondé le Munstrum théâtre en Alsace et la Filature de Mulhouse coproduit la plupart de leurs spectacles dont celui-ci, créé il y a trois ans, et, présentement, à l’affiche du Théâtre du Rond-Point

Le titre, Les possédés d’Illfurth, fait référence à une histoire ancienne du village natal de l’acteur où, en 1864, deux enfants atteint d’une possession démoniaque selon l’église ont été exorcisés. Lionel Lingelser est lui aussi un possédé puisqu’il a le démon du théâtre dans la peau. Mais ce n‘est pas suffisant pour atteindre l’excellence du jeu. Un metteur en scène lui conseille la lecture du texte de Lorca sur el duende en martelant : « S’il n’y a pas cet esprit qui te possède, cette inspiration qui t’élève, il n’y a rien ! ».

Ainsi la pièce commence-t-elle avec son double Hélios, faisant face à un « sorcier » à l’accent ibérique qui lui fait répéter le rôle de Scapin. L’acteur Lingelser a effectivement joué Les Fourberies de Scapin  il y a une quinzaine d’années dans une mise en scène d’Omar Porras.

La pièce avance ainsi en entrelaçant habilement la légende des possédés d'Illfurth, le pouvoir démoniaque du sorcier sur l’acteur et sa quête du el duende. Et, pour finir, le plus cruel, le plus enfoui, la façon dont un certain Bastien, compagnon d’entraînement de son âge, cinq ans durant va abuser de lui, va le posséder.

A sa mère qui pense que le plus dur au théâtre, « c’est d’apprendre le texte » , son fils Hélios lui dit que non, le plus dur c’est « être au présent ». C’est aussi ce qu’il répondra à Bastien le jour où il décide de ne plus jamais le voir. Être au présent, c’est le Graal de tout comédien el Lionel Lingelser le possède.

Théâtre du Rond Point, du mar au ven 19h30, sam 18h30, jusqu’au Ier juin.

Le texte de la pièce est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

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