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On peut faire théâtre de tout, disait Antoine Vitez. Une preuve de plus avec Pratique de la ceinture, ô ventre (titre énigmatique donc intriguant), première pièce de Vanessa Amaral. Au centre du propos ces ennemis ravageurs des bas-ventres féminins que sont les fibromes utérins. Des ennemis qu’il faut combattre pour mieux les abattre. « Ce sont des tumeurs bénignes qui peuvent faire saigner abondamment voire empêcher la fertilité par leur développement » explique l’autrice dont le personnage principal, Amina, évolue dans une sphère professionnelle (collègues, hiérarchie), une sphère amicale(copines), une sphère familiale ( son frère loin , sa mère proche) mais, pour l’heure, aucune sphère amoureuse
Astucieusement, l’autrice met en pratique la recette de l’arroseur arrosé. Son héroïne Amina ( qu’elle interprète elle même avec brio) est aide-soignante dans un hôpital et c‘est elle qui, on va vite le comprendre (saignements, examen), est atteinte de fibromes utérins. Il faut donc l‘opérer.
L’essentiel du spectacle se passe à l’hôpital. Celui où travaille Amina : amitié et entre-aide entre blouses blanches, tâches ingrates mais nécessaires, malade inquiets ou ronchons (formidable David Seigneur que l’on souvent vu dans les spectacles de la compagnie In vitro de Julie Deliquet). L’autre hôpital est celui où Amina va se faire opérer derrière un grand drap blanc et y passer quelques jours de convalescence.
Vanessa Amaral a écrit le texte (s’appuyant également sur les travaux et publications de l’association Fibrome Info France), signe la mise en scène et interprète le rôle principal d’Amina, dont histoire, on le pressent, lui tient à cœur. Outre David Seigneur, Sachernka Anacassis, Samuel Roussel-Hatayou,et Lisa Torres complètent parfaitement la distribution qui fonctionne comme un collectif solidaire alors que dans le milieu hospitalier la hiérarchie, comme on le constate est souvent plus marquée. Hormis les grands draps blancs divisant l’espace, le décor change à vue dans le mouvement, il est essentiellement composé d’objets hospitaliers, d’une table gynécologique à des plateaux repas en passant par des serpillières, des blouses blanches ou bleues et l’inévitable lit.
Comment le ventre d’Amina, 35 ans, va-t-il réagir à ce qui l’agresse ? Comment vont réagir la mère, le frère, la copine, les collègues de la patiente ? C’est ce que raconte ce spectacle par petites touches qui s’achève par un soutien ouvert au personnel hospitalier si mal considéré et si mal rémunéré même après avoir été porté au nues pendant le Covid.
Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis jusqu’au 16 à 20H
Puis Théâtre en mai à Dijon du du 23 au 25 mai