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Billet de blog 15 juillet 2025

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Godot attendait Osinski

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Illustration 1
Sène de "En attendant Godot" © dr

Il y a trente ans, Jacques Osinski créait son premier spectacle d’après La faim de Knut Hamsun avec un certain Denis Lavant. Au fil des années, ils devaient se retrouver plusieurs fois autour des textes de Beckett. C’était encore le cas la saison dernière avec Fin de partie (lire ici). Et donc, cette année, avec En attendant Godot. Denis Lavant dans le rôle de Vladimir dit Didi et Jacques Bonnaffé dans celui d’Estragon dit Gogo, deux vagabonds qui n’en finissent pas de ne pas se séparer et qui attendent un certain Godot qu’ils attendront encore à la fin de la pièce.

La pièce En attendant Godot a été publiée en 1952 aux Entions de Minuit ( comme tous les textes de Beckett) et,depuis, souvent rééditée avec en couverture une image reprise de la mise en scène de Roger Blin qui créa la pièce dans un petit théâtre parisien aujourd’hui disparu. La pièce, traduite dans bien des langues, a été jouée, et reste toujours jouée, de par le monde, sur une multitude de scènes. En France, Jean-Pierre Vincent puis , plus récemment Alain Françon l’ont servie avec force.

Comme Françon, Osinski part non de la version publiée en France mais d’une version dite de Saint Quentin dans une mise en scène de Walter Asmus, version reprenant la mise en scène signée par Beckett lui-même en 1975 au Schiller théâtre de Berlin et où Asmus était son assistant. Beckett assista aux répétitions de son ancien assistant, modifia quelque peu le texte ( ajoutant « de la chair aux os » aux dires des acteurs) et plusieurs didascalies. Ainsi, au tout début de la pièce, Beckett note : «  Estragon est sur le sol. Il appartient à la pierre. Vladimir est lumière. Il est orienté vers le ciel. Il appartient à l’arbre ».

Estragon (Denis Lavant) est donc assis sur une pierre, il essaie d’ôter son soulier. Plus loin, se tient Vladimir (Jacques Bonaffé), non loin de l’ arbre aux branches nues. Au deuxième acte, l’arbre sera pourvu de « quelques feuilles » . « J’aime cette attention que Beckett porte aux éléments : minéral (pierre), végétal (arbre), animal (homme). Il y a quelque chose de très concret, très terrien qui m’intéresse, j’ai envie de partir de ça pour mettre en scène Godot » note Osinski.

Je ne sais pas si Lavant et Bonnaffé ont déjà joué ensemble, l’un terrien, l’autre plus aérien, ils font merveilleusement la paire. Plus tard, apparaîtront Pozzo (Aurélien Recoing qui fut proche de Vitez ) tenant au bout d’une corde son serviteur, esclave soumis, Lucky (Jean François Lapalus qui appartenait à la troupe du TNS dans les années Vincent). Le dernier et éphémère personnage, un enfant, apparaît en impression virtuelle, informant Estragon et Vladimir que « monsieur Godot » ne viendra pas le soir. Personnages moins éphémères, Pozzo et Lucky, gardent un part de leur mystère quant à leur identité et à leur relation, l’un tenant l’autre par une corde. Ils quitteront la scène laissant seuls Estragon et Vladimir lesquels  pour finir, disent vouloir partir et ne bougent pas. La force d’Osinski est là : loin d’expliquer ces quatre personnages, il .en accentue progressivement l’ insaisissable mystère. 

Avignon off, au Théâtre des Halles, 21h jusqu’au 26 juillet. Puis tournée : le 27 juil au festival de Figeac, le 29 juil  au festival Beckett à Roussillon et la saison prochaine du 25 mars au 3 mai au Théâtre de l’Atelier à Paris. .

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