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Prenons l’exemple d’un de ces « essais théâtraux » . Nous somme dans une ville de province pourvu d’un établissements de bains municipal où viennent les enfants des écoles, les habitants du coin , les touristes La scène se passe non à l’heure d’un conseil municipal mais plutôt lors d’une réunion publique autour d’une question : quand et comment rouvrir les bains municipaux ?
Suite à un enfant ayant contracté une maladie extrêmement grave après s’être baigné dans la piscine municipal, on a procédé à une fermeture préventive des bains en attentant le résultat des analyses de l’eau. Les analyses sont donc dévoilées, ce jour là, devant la population. Il y a là l’experte tenant en main son rapport, à ses côtés la présidente de la région (les deux se trouvent être sœurs, de là à voir là l’amorce d’une complicité familiale..certains le supputeront) et , bien sûr, le maire (ayant succédé à son père). Les analyses affirment que l’eau est sans bactérie ou à un taux négligeable et non dangereux pour la santé des baigneurs. Ce que conteste la mère (une actrice assise dans le public) de l’enfant contaminé et désormais en danger de mort. Elle n’est pas la seule.
Le maire botte en touche et s’empresse d’ exposer le projet lié à la réouverture future des bains . L’établissement a besoin d’être rénové et il laisse la parole au spécialiste de la rénovation mandaté par une entreprise: création d’un spa, construction d’un parking (sur une terrain actuellement herbeux), etc.. L’entreprise privée, en se lançant dans cette aventure deviendrait coactionnaire de l’établissement qui ne serait plus public . Ce n’est pas l’avis de plusieurs citoyens (présents dans la salle au milieu du public, des lepennistes aux anarchistes). Certains avancent d’autres priorité pour la ville telle une commerçante qui peste contre la désertion du centre-ville ou tel opposant au maire dénonçant la mollesse de l’élu et, le bien sûr le désarroi et la solitude de la mère de l’enfant contaminé. Etc.
La séance est levée sans accord ni solution...jusqu’à la prochaine réunion.
Tous les personnages des essais théâtraux sont fort bien interprétés interprétés par les membres de la compagnie LSDI (Marc Bertin, Michèle Colson, Sol Espeche, Pauline Jambet, Maxime Le Gall, Étienne Parc, Benjamin Tholozan, Julien Villa) ainsi que les cinq comédiens du Jeune Théâtre en Région Centre-Val de Loire (JTRC) que sont Félix Amard, Joséphine Callies, Claire Freyermuth, Camille Grillères et Luka Mavaetau.
Ce récit, sans début ni fin autour, entre autres, de la notion de fake news s’inspire vaguement de la pièce d’Ibsen Un ennemi du peuple. Faut il croire l’experte ? Sa proximité familiale avec madame le préfet n’est elle pas sujet à caution ? L’entreprise qui doit faire les travaux n’a-t-elle pas acheté le maire d’une façon ou d’une autre ? Etc.
Les trente deux essais théâtraux écrits par Guillermo Pisani sont classés en plusieurs domaines : religion, politique, économie et société. 13 sont donc présentés au Théâtre 13 par treize actrices et acteurs. Le tout constitue Croyances#1.Il faudra attendre « l’horizon 2027 » pour la création de Croyances # 2 piloté par Guillermo Pisani et Marion Boudier (cofondateurs de la compagnie LSDI (Le Système pour Devenir Invisible).. Ensemble, ces essais théâtraux creusent un voie des plus originales qui tient du théâtre didactique brechtien, du théâtre participatif, du faux-vrai théâtre documentaire, de la parabole aussi bien que de la fable etc. On navigue entre ultime répétition ( assistante à la mise en scène Cöme Leterrier, est au pied de la scène texte en main pour le souffler en cas de besoin aux aux comédiens) et représentation alerte. Entre rire et urgence. Une bel équilibre.
« Chaque croyance abordée me conduit à écrire dans un style théâtral différent ; des scènes comiques, une tragédie documentaire, une comédie musicale, des contes, explique Pisani. C’est là « un processus particulier, plus ou moins solitaire ou lié au travail collectif du plateau, pour aboutir à des formes qui peuvent être des pièces de plus d’une heure ou de dix minutes, des protocoles performatifs ou des canevas d’improvisation ». Guillermo Pisani s’amuse aussi à jouer avec l’écriture des séries ou à « revisiter la dramaturgie des évangiles à la lumière des histoires de super héros ».
C’est addictif.Pour lui comme pour nous. Plus d’un spectateur venu un soir voir quelques essais est revenu un autre soir pour en voir d’autres.
Croyances #1 au Théâtre 13 Glacières, du mar au ven 20h, sam 18h, jusqu’au 21 mars