A la veille des élections départementales, Béziers est comme un verre grossissant. Il y a eu l’exemple récent d’une rue du 19 mars 1962 (date du cessez le feu en Algérie) débaptisée au profit d’un officier de l’OAS, c’est maintenant Sortie Ouest, l’établissement phare de la région depuis neuf ans en matière de spectacles vivants, qui est dans le collimateur de plusieurs candidats.
On ne peut pas le débaptiser du jour au lendemain, ni lui ôter tout de go ses subventions (dont la plus grande partie vient de la région, pour l’heure, PS) mais on peut le taxer de tous les maux. Prudent ou tacticien, le maire Robert Ménard ne s’en prend pas directement à Sortie Ouest. Ill préfère clamer qu’il faut que les subsides du département cessent de financer, pêle-mêle, « une association palestinienne », « un stage de formateur de théâtre en Tunisie » ou encore arrêter de donner plein de sous à une manifestation vouée aux « arts du monde arabe ». Bref il faut « stopper les subventions communautaires ».
La candidate « divers droite », Fatima Allaoui (ex conseillère régionale UMP, aujourd’hui proche du FN) n’y va pas, elle, par quatre chemins. Elle demande la « fermeture de Sortie Ouest ». Et « le transfert des spectacles au centre-ville de Béziers ». Avec en bonus « 50¨% de spectacles d’artistes locaux ». Paris devrait s’inspirer de cette lumineuse proposition. Que désormais tous les spectacles de Nanterre Amandiers, d’Aubervilliers, de Gennevilliers, d’Ivry et des autres banlieues se déroulent à Paris et que l’on y joue que des auteurs français habitant l’Ile de France. On se croirait dans une pièce de Ionesco si on n’était en plein Kafka. Pourquoi faire des spectacles à Villeurbanne ? Que le TNP soit rapatrié au centre de Lyon.
A toutes fins utiles, sous le titre « Sortie-Ouest est-il un théâtre public ? », le site du député UMP de l’Hérault Elie Aboud publie la lettre ouverte d’un « auteur biterrois », Jean-Pierre Pelaez, auteur dramatique. Selon ce dernier, Sorte Ouest serait un lieu de « propagande idéologique » dans la main du Conseil Général et du PS, ses choix seraient « sectaires » et relèveraient du « bon plaisir du prince ».
Le prince en question est sans doute le directeur du lieu, Jean Varela. Sans attraper la perche de la polémique qui lui était tendue, il a préféré répondre à ses présumés fossoyeurs en dressant le bilan, pour le moins positif, de son action avec sa petite équipe (neuf personnes) qui rassemble à Sortie Ouest un large public. « Le culture est une arme qui vaut ce que valent les mains qui la tiennent » jugeait Jean Vilar né et enterré à Sète, à moins de 58 kilomètres de Béziers.