Créée en 2012, l’AFFUT est l’Association Francophone des Futurs Usagers du Théâtre, elle regroupe les élèves qui le souhaitent des onze écoles nationales. Qu’est-ce ? Un syndicat ? Un organisme corporatiste ? Rien de tel. Une coordination ? Y a de ça, quoi que…

L’AFFUT se définit comme « un réel réseau d’échanges, un portail d’information et un espace de rencontres entre les futurs professionnels du théâtre ». Tout a commencé il y a quelques années à l’école du théâtre de Saint-Etienne. Les élèves ont ensuite pris contact avec ceux de l’ENSATT (l'école de Lyon) pour créer des liens, se rencontrer. La contamination a été rapide.
Une présidence tournante
Contactée par téléphone, Eléonore Auzou-Connes, élue présidente pour deux ans, nous en dit plus. Eléonore est élève actrice à l’école du TNS (Théâtre national de Strasbourg), elle fait partie du groupe 42 (entré en 2013, il sortira de l’école en 2016), regroupant 24 élèves soit 12 comédiens (6h, 6f), 2 metteurs en scène (f), 1 dramaturge (h), 4 scénographes-costumières (f), 5 régisseurs (4f, 1h). Ce sont eux qui, avec la bienveillance des cadres de l’école et du TNS, ont accueilli pour un week-end printanier une horde de deux cents élèves venus des écoles de Paris (CNSAD, ESAD), Lyon, Saint-Etienne, Montpellier, Bordeaux, Rennes, Lille, etc. Les écoles de Lausanne, Bruxelles et Liège ont rejoint le mouvement. L’école du studio d’Asnières, dernier établissement français à avoir reçu un statut d’école nationale, s’apprête à le faire.
L’heure est au rassemblement, à l’envie d’être ensemble, échanger, se connaître. Le mieux encore pour cela étant de travailler des uns avec les autres et de faire la fête ensemble. Ce fut le cas à Strasbourg le temps de ce week-end. Ce qui n’empêcha pas les participants de parler politique, intermittence. C’était au cœur des propos lors de la réunion de l’an dernier à l’ENSATT (Samuel Churin, explicateur en chef de la coordination des intermittents du spectacle, y a fait un tabac), ce le fut moins cette année à Strasbourg, certains l’ont regretté.
Pas de noyautage par une grosse école, la présidence de l’association et le bureau qui va avec ont un mandat de deux ans non renouvelable, mais tôt ou tard se posera la question de la disparité entre les écoles riches et celles qui le sont moins, entre celles qui sont adossées à un théâtre et celles qui ne le sont pas. L’AFFUT va rester à l’affût de tous ces problèmes. Association naissante, elle est dans ses années pionnières, souvent les plus excitantes.
Les strasbourgeois ont dû d’abord s’occuper de l’intendance de ce « week-end inter-écoles » : pour ce qui est de trouver des lits, la solution la plus logique a été de décréter la nuit blanche, ce qui n’a pas empêché certains, parmi les moins résistants, de dormir dans des colocs déjà bien garnies. La bouffe a évité la case vaisselle : pour le dîner du samedi soir chacun avait un kit nourriture, 120 tartes faites maison ont été étalées au sol formant un vrai un tapis couvrant une partie de la place de la République où était organisé le pique-nique.
Ils auraient pu demander à Stanislas Nordey, Falk Richter et d’autres artistes présents à Strasbourg d’intervenir, ils ont préféré s’en tenir à des ateliers entre eux. « Pendant ces deux jours, notre force c’est d’être entre élèves, de transmettre entre nous », dit Eléonore.
Des tartes et des ateliers
Une dizaine d’ateliers de quatre heures ont été proposés sur des idées d’élèves, cela allait de la déclamation baroque à la perte de repères (avec des traversées les yeux bandés) en passant par des jeux d’ambiance autour d’un thème : le banquet. L’« insémination poétique » a eu beaucoup de succès. « Nos actions ne sont pas des happenings, nous n’avons rien à "vendre", écrivent les initiateurs. Nous souhaitons être totalement invisibles, ou du moins le plus discret possible, afin de laisser la place à la poésie elle-même » et cela à travers la ville.
Ce week-end avait aussi pour but de tenir l’assemblée générale de l’association avec les questions habituelles à l’ordre du jour : les cotisations des élèves et celles des écoles, les nouveaux adhérents et puis aussi, la préparation de la table ronde et des ateliers qui se dérouleront dans la deuxième quinzaine de juin à la Cartoucherie de Vincennes lors du festival des écoles du théâtre public en passe de devenir un rendez-vous incontournable.
Après le dîner du samedi place de la République à Strasbourg, le retour au TNS s’est fait en fanfare (constituée sur le pouce par des élèves). Sur le parvis, ils ont croisé les spectateurs qui sortaient du Canard sauvage, les acteurs de La Veillée des grands gourmands de François Chattot, les acteurs pro du stage dirigé par Krystian Lupa comme Valérie Dréville... Folle ambiance.
Après quoi, ils ont dansé (et plus si affinité) toute la nuit salle Gignoux. Au petit matin, ils ont refait le monde avant de faire le ménage. Le dimanche midi, un brunch était organisé juste avant le conseil d’administration de l’AFFUT. On y a discuté de nouvelles idées comme celle d’organiser ici et là les 24 heures de l’AFFUT, du théâtre non-stop pendant 24h, ou encore faire reconnaître l’association « d’utilité publique ». Futée l’AFFUT.
Dans le cadre du Festival des écoles du théâtre public qui se tient à la Cartoucherie du 18 au 28 juin, l’AFFUT propose une table ronde le samedi 20 de 14h à 17h au Théâtre de l’Aquarium pour échanger sur les « compétences, besoins et réalités du métier ». Et le dimanche 28 au Théâtre de l’Epée de bois, à partir de 14h, présentation d’ateliers organisés du 22 au 27 juin de 10h à 18h entre jeunes comédiens professionnels.
Plus de renseignements sur le site de l’AFFUT.