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Billet de blog 18 septembre 2024

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La nageuse et le crabe

A Théâtre Ouvert dans « Nageuse de l’extrême, Portrait d’une jeune femme givrée », Elise Vigier met en scène et en présence deux femmes lutteuses de l’extrême. Chacune, à sa manière tutoie son corps

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Illustration 1
Scène de "Nageuse de l'extrême" © dr

C’est une pièce au titre double : Nageuse de l’extrême et Portrait d’une jeune femme givrée. Une ou deux femmes, ou deux en une ? ! L’autrice et actrice Elise Vigier a écrit cette pièce toute simple à partir d’entretiens avec la nageuse -effectivement de l’extrême- Marion Joffle qui n’aime rien tant que se plonger dans les eaux les plus glacées du globe. Est-ce bien elle la femme givrée ou bien, dans un autre sens du mot, n’est ce pas aussi l’autrice Elise Vigier qui est un peu givrée ? Vigier dédie sa pièce « à nos mères, celle de Marion et la mienne » et d’autres encore.

La pièce est créée à Théâtre Ouvert dans un espace rectangulaire où le public forme comme les bords d’une piscine. En scène, le rôle de « la nageuse » Marion Joffle est parfaitement interprété par Léna Bokobza-Brunet et celui de « la femme » par Elise Vigier.

La nageuse nous parle de ses exploits en eau glacée à commencer par le jour où elle a traversé la Manche en 9h et 22 minutes sous le regard de sa maman. « L’eau me défait de mes chaines/De ma peur/ Je me dis/ c’est bon je suis dans mon élément » dit-elle. La femme, elle, est dans une salle d’attente d’un hôpital. Un cancer du sein qui récidive . « L’angoisse est assise là à côté de moi/ Elle me regarde et me dit ne m’oublie pas/ Je lui souffle : barre toi. » dit-elle. Quand la nageuse Marion met le pied sur le sable français au dos de son t-shirt blanc est marqué «  la traversée de la Manche contre le cancer des enfants ». Marion n’a pas eu de cancer mais, enfant, a perdu un doigt de sa main gauche. Elle raconte  « le cimetière des nageurs » : un courant qui, dans la Manche, déporte les nageurs sur quinze kilomètres. La femme immobile dit, elle, sa chute : « pas une douleur/un manque/un trou/ où l’on tombe 

Enfant, la femme était fascinée par les ballets aquatiques, atteinte du cancer elle finit par rencontrer la nageuse de l’extrême qui « aime bien voir les dessins que font les crabes dans le sable » , laqulle se sent  « plus aquatique que terrestre ». Alors la nageuse emmène la femme et nous emmène dans l’Arctique. Elle nous parle de son corps qui descend « dans une cave de glace ». La femme, elle, dit « Mon corps parle/ mais je ne comprends rien à ce qu’il dit ». C’est après la mort de sa mère que la femme a repéré cette fille qui nageait contre le cancer et a décidé de raconter son histoire. A à la fin la nageuse et la femme dansent ensemble. Le soir de la première Marion Joffle a rejoint les deux interprétes, ensemble, elles ont improvisé une danse des poissons. Un bain d’amicalité.

Théâtre ouvert, lun mar, mer 19h30, je, ven 20h30, sam 16h. Jusqu’au 28 sept. Puis tournée: du 7 au 9 oct Comédie de Caen, semaine du 24 février Le Quai d'Angers « hors-les-murs », du 2 au 4 avril Théâtre du Point du Jour, Lyon, du 13 au 16 mai Le Quai, CDN Angers

Le texte est paru aux éditions :esse que

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