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Billet de blog 19 avril 2016

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Au bonheur des actrices

Les auteurs dramatiques du répertoire offrent, dit-on, plus de beaux rôles aux acteurs qu’aux actrices. Mais il n’y a pas que le vieux répertoire. Et les actrices ont plus d’un tour dans leur sac à main.

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Illustration 1
Scène du diptyque "Louise, elle est folle" et "Déplace le ciel" © dr

Depuis que Bernard Comment la préside et qu’Olivier Chaudenson la dirige, la Maison de la Poésie n’a pas changé de nom mais de visage. Chaque soir ou presque, on y feuillette et on y effeuille une écriture. Jamais la même de soir en soir. On passe d’Annie Ernaux à François Bon, d’Alessandro Baricco à Ascanio Celestini. Il arrive aussi que la poésie s’y sente chez elle, souvent accompagnée de musiciens complices. C’était le cas samedi dernier avec Ingeborg Bachmann dont les poèmes (1942-1967) ont été récemment publiés dans la collection Poésie/Gallimard, édités et traduits par François Rétif sous le titre Toute personne qui tombe a des ailes. Une série d’extraordinaires poèmes inédits clôt le recueil.

La voix d’Ingeborg Bachmann

Barbara Hutt a conçu un Impromptu poétique Ingeborg Bachmann autour d’une actrice, Mina Kavani, et de deux musiciens, le pianiste et compositeur Stéphane Leach (qui, entre autres, met en musique les spectacles d’Olivier Py et collabore avec Jean Jourdheuil) etle clarinettiste (mais pas seulement) Pierre Ragu qui, quand il ne travaille pas avec différents ensembles, a l’habitude d’intervenir en direct dans les spectacles de Barbara Hutt. Un trio. Un vrai. Organique.

La voix de l’actrice, tour à tour profonde comme un violoncelle et violente comme un zurna, n’y est pas pour rien. Son étrangeté venue d’ailleurs (elle est iranienne) s’accorde avec la poésie sans artifice de la poétesse venue d’Autriche. Un dialogue d’exilées. « Je ne souhaitais pas d’autre interprète pour Ingeborg Bachmann », dit Barbara Hutt qui avait déjà confié à Mina Kavani la voix de Malina, spectacle adapté du magique roman d’Ingeborg Bachmann qui sera à nouveau à l’affiche du prochain festival Off à Avignon au Centre européen de poésie.

Ce samedi 19 avril à la Maison de la poésie, c’est une autre actrice, Céline Milliat-Baumgartner (révélée il y a quelques années pas  son spectacle Striptease), qui, avec le groupe Valparaiso, s’aventurera dans My Whispering Hosts. Un spectacle qui puise dans une nouvelle de Roberto Bolaño extraite de son recueil Appels téléphoniques (traduit de l’espagnol par Robert Amutio, éditions Christian Bourgois). Une alliance mise en musique et en scène par Marc Lainé.

L’insaisissable Nadia C.

Au Cenquatre et en tournée, Chloé Dabert reprend sa mise en scène d’Orphelins de Dennis Kelly (traduction Philippe Le Moine, éditions L’Arche) dans un astucieux et efficace dispositif signé Pierre Nouvel. Une pièce à l’écriture à la fois sèche et saccadée, une descente méthodique jusqu’aux replis les plus sombres de la nature humaine, un précis de la banalité du mal particulièrement bien servi par les trois acteurs, en particulier Joséphine de Meaux. Ce spectacle avait valu à Chloé Dabert d’être lauréate du prix Impatience en 2014.

Et c’est au Centquatre (co-organisateur de ce prix) qu’elle vient de créer Nadia C. (comme Comaneci), d’après le roman de Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais (paru chez Actes Sud).Trois actrices (Suliane Brahim, Anna Cervinka – toutes deux de la Comédie Française – et Alexandrine Serre) se partagent l’histoire de la fameuse gamine qui, au temps de Ceausescu et de sa Securitate, fit de la gymnastique un art, et de l’exercice de la poutre une danse du feu. Nadia C., la vraie, apparaît parfois en lignes irisées comme un mythe qui ne parvient pas à s’incarner. Sa vie fut un roman et aussi un drame. Fallait-il en faire une pièce ? Le spectacle, pour l’heure balbutiant, peine à l’affirmer.

Louise, elles sont folles

A Ivry-sur-Seine, le Studio Casanova vient de vivre ses dernières heures avant d’être reconverti. Si les travaux  sont terminés à temps, le Théâtre des Quartiers d’Ivry s’installera dans la Manufacture des Œillets à la rentrée. On ne pouvait rêver plus beau cadeau d’adieu que d’offrir le plateau à deux actrices dont la démence est l’ordinaire, Frédérique Loliée et Elise Vigier (deux figures du Théâtre des Lucioles). Leslie Kaplan, à la fois auteur, amie et coach, leur a concocté des pièces non résumables, irracontables et formidables. Du beau, du bon, du merveilleux babil. Entre copines.

Elles en sont à trois spectacles au compteur. Le fait de présenter Louise, elle est folle et Déplace le ciel à la file, dans un opportun diptyque (55 minutes chacune séparées par un entracte) constitue illico les deux copines en personnages récurrents. L’un plus sombre, l’autre plus explosif, les deux résolument barrés, jamais d’accord mais inséparables comme  Bouvard et Pécuchet, Zadig et Voltaire, la rose et le réséda. En avant pour un triptyque !

My Whispering Hosts, Maison de la Poésie, samedi 23 avril.

Malina, Centre européen de poésie, Avignon, du 7 au 27 juillet.

Nadia C., les 19 et 20 avril au Centquatre, le 12 mai à l’Espace 1789 de Saint-Ouen, les 19 et 20 mai au Théâtre de Lorient.

Orphelins, jusqu’au 4 mai au Centquatre, les 9 et 10 mai 2016 au Théâtre Louis Aragon à Tremblay en France, les 18 et 19 mai 2016 au Carré Magique à Lannion, les 26 et 27 mai à L’Onde, Théâtre-centre d’art de Vélizy-Villacoublay, le 31 mai à Arc en Scènes-TPR à La Chaux-de-Fonds (Suisse)

Louise, elle est folle et Déplace le ciel, jusqu’au 20 mai au Théâtre des Cordes, Comédie de Caen, le 25 mai au Panta Théâtre, Comédie de Caen, création d’une version américaine du spectacleles les 6 et 7 mai 2017 au Byron Theater, Denver, Colorado (Etats-Unis).

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